A première vue, on pourrait croire à une injustice ou à une audace militante: les femmes toucheraient le double des hommes si elles faisaient tomber le record de la course.
De quoi alimenter, sur Facebook, quelques débats sous les publications qui ne précisent pas le pourquoi du comment.
Pourtant, la vérité est nettement plus terre à terre… et plutôt astucieuse.
Le règlement est simple: chaque fois qu’un record tient une année de plus, la prime qui lui est associée augmente de 1000 francs. Lorsqu’un coureur ou une coureuse finit par l’améliorer, la prime retombe aussitôt à son niveau de départ.
Résultat, si la prime féminine est aujourd’hui à 6000 francs, c’est tout simplement parce que le record des dames, celui de Maude Mathys, établi en 2019, résiste encore et toujours depuis. En cinq ans, le compteur a ainsi eu le temps de grimper pour atteindre un joli pactole.
Du côté masculin, en revanche, le chrono de référence a été battu plus récemment, ce qui a ramené la cagnotte à 3000 francs.
Ce système, imaginé pour pimenter la chasse au record, récompense la difficulté croissante à battre une marque historique. Plus un record vieillit, plus sa prime devient appétissante. C’est un peu comme un bon vin qui prend de la valeur avec les années… sauf qu’ici, le but, c’est justement de le déboucher le plus vite possible.
Alors samedi, pendant que les meilleurs du monde avaleront les 31 kilomètres et 2200 mètres de dénivelé positif entre Sierre et Zinal, il y aura deux courses dans la course: celle pour la victoire, et celle, plus sournoise, pour détrôner ces fameux records. Avec, au bout, un chèque plus ou moins dodu selon la date de la dernière performance historique.
Reste à savoir si cette année, les spectateurs assisteront à un simple défilé de champions ou à un moment d’histoire qui fera trembler les chronos et réinitialisera la fameuse cagnotte. Dans les deux cas, la légende de la «course des cinq 4000» continuera de s’écrire, quelque part entre Sierre et Zinal, à la sueur des mollets et à coups de primes bien méritées.
En dehors de cette prime spéciale en cas de record, les coureurs et coureuses de la catégorie «Elite» peuvent compter sur un prize money «classique» pour leur place au classement.
Cette année, la victoire rapporte 2000 francs, que l’on soit un homme ou une femme, avec des montants dégressifs jusqu’au dixième rang, qui touche une enveloppe de 200 francs.
On comprend que certains athlètes tentent de s'arracher pour décrocher un record; dans l'univers du trail, on est loin des primes d'autres sports plus bankable.
Le départ des élites pour Sierre-Zinal est donné à 11 heures; les «touristes», eux, sont partis entre 4 heures 45 et 6 heures 15. Force à eux.