Ce graphique ne va pas plaire aux piétons en Suisse
En ce petit matin, une silhouette vêtue de noir traverse la rue loin du passage piéton, invisible. Du moins pour les vélos et les voitures qui se dirigent vers elle. Heureusement, la personne s’écarte des véhicules à temps.
Des scènes comme celles-ci se produisent quotidiennement. Les piétons sont les usagers de la route les moins visibles. Durant la saison sombre, cette réalité leur est fréquemment fatale. Un regard sur les statistiques d’accidents de l’Office fédéral des routes (OFROU) le montre clairement.
CH Media les a analysées en fonction du type d’usagers et par mois. Et non seulement les accidents impliquant des piétons sont nettement plus nombreux durant les mois d’hiver qu’en été, mais il apparaît surtout que les mois de novembre et de décembre enregistrent de loin le plus grand nombre d’accidents, c’est-à-dire lorsque les journées sont les plus courtes dans l'année.
L'heure de pointe et la lumière crépusculaire
Le Bureau de prévention des accidents (BPA) a en outre évalué les accidents impliquant des piétons en fonction de l’heure de la journée. L’analyse montre une concentration des accidents au crépuscule, mais uniquement entre novembre et février.
Le passage de la nuit au jour, ou inversement, coïncide alors avec les heures de déplacement des pendulaires, et c'est justement à ces heures que la perception semble poser les plus de problèmes. Là aussi, c'est durant le crépuscule en novembre et décembre que la concentration d'accidents impliquant des piétons est la plus marquée.
Quand il fait sombre en fin d’année, c’est là que surviennent le plus d’accidents
Porte-parole du BPA, Christoph Leibundgut explique que si le mois de décembre enregistre légèrement plus d’accidents que janvier, c’est parce que davantage de personnes se déplacent en décembre.
La dégradation quotidienne de la visibilité a manifestement une influence sur le risque d’accident. Christoph Leibundgut explique:
Mais alors que de plus en plus de cyclistes portent des gilets jaunes fluorescents ou s’équipent au moins de réflecteurs, presque aucun piéton n’adapte sa tenue pour être mieux visible. Comme le souligne Christoph Leibundgut, il ne s’agit pas du fait que les autres ne veulent pas voir les piétons:
Notre perception est limitée
Le BPA attire régulièrement l’attention sur les limites de la perception humaine. La recherche montre qu’une personne ne peut percevoir consciemment que trois objets par seconde. Entre ces trois images enregistrées par seconde se forment des lacunes perceptives dont nous n’avons pas conscience, car le cerveau relie les images pour former un film.
Dans l’obscurité, les automobilistes et les cyclistes sont donc sollicités à double titre. Le BPA écrit:
Il faut contrôler à plusieurs reprises le bord de la chaussée et la voie de circulation. Un tel niveau de vigilance est nécessaire afin d'être en mesure de reconnaître à temps, par exemple, une silhouette vêtue d’un manteau noir par un matin pluvieux et sombre.
Traduit de l'allemand par Joel Espi
