Pour la première fois depuis 2019, la Suisse a renvoyé des criminels afghans dans leur pays d'origine au cours des dernières semaines. Selon le SonntagsBlick, le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) a informé les cantons de ces expulsions dans une newsletter parue vendredi.
Jusqu'à présent, l'exécution forcée des décisions d'expulsion entrées en vigueur n'était pas possible «pour des raisons opérationnelles», explique le SEM. La sécurité des policiers qui accompagnent les criminels expulsés ne pouvait pas être garantie. A cela s'ajoute le fait que la situation des droits de l'homme en Afghanistan s'est massivement détériorée depuis la prise de pouvoir des talibans.
Mais la Suisse a manifestement trouvé une solution. Comme l'a déclaré le vice-directeur du SEM Vincenzo Mascioli au SonntagsBlick, il s'agit d'un projet pilote visant à rapatrier des délinquants «qui représentent un problème pour la sécurité intérieure de la Suisse». Pour ces types de criminels, la tolérance zéro serait de mise.
Les personnes dans cette catégorie ont commis des crimes tels qu'un meurtre, un viol, des délits graves liés à la drogue, ou des actes de violence importants. Jusqu'à présent, quelques Afghans ont été expulsés de cette manière. Plusieurs autres criminels originaires du même pays devraient suivre prochainement selon le SEM.
La Suisse est seulement le deuxième pays à procéder à des expulsions vers l'Afghanistan. Des pays comme l'Autriche ou le Danemark en parlent certes, mais seule l'Allemagne est réellement passée à l'action jusqu'à présent. Notre voisin a toutefois procédé différemment de la Suisse: il a affrété un avion de la compagnie Qatar Airways et a ramené 28 Afghans dans leur pays.
De son côté, la Suisse mise sur les vols de ligne. Apparemment, deux Afghans auteurs de crimes graves ont pu être rapatriés récemment de cette manière. Ils ont reçu 500 francs d'argent de poche avant le départ, «pour couvrir leurs besoins immédiatement après leur arrivée», selon le SEM. Le Secrétariat ne veut pas donner de détails sur le déroulement. Ce qui est sûr, c'est qu'au moins sur une partie du voyage, des policiers cantonaux veillent à ce que rien ne se passe mal.
Ce qui est intéressant, c'est que derrière cette ligne relativement dure de la Suisse se trouve un vice-directeur certes sans parti, mais plutôt classé à gauche: Vincenzo Mascioli était autrefois le collaborateur personnel de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga.
Et la NZZ am Sonntag a récemment annoncé que Vincenzo Mascioli est désormais considéré comme le candidat le plus prometteur pour succéder à la secrétaire d'Etat sortante Christine Schraner Burgener. Ce qui n'est pas du goût d'une partie de la droite au Parlement, comme le conseiller national UDC zurichois Gregor Rutz:
Lors d'une séance de commission, Vincenzo Mascioli aurait apparemment «sermonné» les politiciens sur le fait que certaines revendications comme les accords de transit ne menaient pas au but escompté. Son intervention n'a manifestement pas plu à tout le monde. Le conseiller national libéral-radical Christian Wasserfallen, qui n'est pas connu pour être un tendre, a en revanche pris la défense de Mascioli: celui-ci n'aurait pas une tâche facile, il doit la plupart du temps transmettre de mauvaises nouvelles.
D'une manière ou d'une autre, le ministre socialiste de la Justice Beat Jans devrait prochainement soumettre au Conseil fédéral une proposition pour le poste de chef du SEM. Il ne s'agit en tout cas pas d'un poste gratifiant.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci