Suisse
Agriculture

De l'urine pour l'agriculture bio? «Le potentiel est énorme»

Le pipi des Suisses a un «potentiel énorme» pour l'agriculture bio

Les stations de recherche Agroscope et FiBL comparent agriculture biologique et conventionnelle depuis 47 ans. Elles ont récemment présenté le résultat de leurs expérimentations.
30.06.2025, 18:5130.06.2025, 21:31
Bruno Knellwolf / ch media
Plus de «Suisse»

Qu'est-ce qui distingue l'agriculture biologique de son pendant conventionnel? Pour répondre à cette question, un essai unique au monde est mené à Therwil, près de Bâle. Unique en raison de sa durée: il a démarré il y a 47 ans. La station de recherche Agroscope et l'Institut de recherche de l'agriculture biologique (FiBL) cultivent du maïs, du soja, du blé d'hiver, des pommes de terre et du trèfle sur un hectare. Et les derniers résultats ont été présentés cette semaine directement sur place, sous un soleil de plomb.

Les scientifiques comparent trois systèmes:

  • Premièrement, la biodynamie, représentée par le label Demeter.
  • Deuxièmement, l'agriculture biologique organique, l'équivalent du label Bio Suisse.
  • Troisièmement, l'agriculture conventionnelle, qui correspond à peu près aux directives IP-Suisse.

Cette dernière garantit une exploitation pas trop intensive. «On prend ainsi en compte la réalité suisse - élevage compris», explique Jochen Mayer de l'Agroscope.

Das Areal des DOK-Versuchs der Forschungsinstitutionen Agroscope und FiBL (Forschungsinstitut fuer biologischen Landbau) in Therwil, am Mittwoch, 25. Juni 2025. Im weltweit am laengsten laufenden Feld ...
Voici le site de recherche de l'Agroscope à Therwil (Bâle-Campagne) ce 25 juin.Keystone

Baptisé «essai DOK», il vise à se rapprocher au maximum de la pratique. Conséquence: la palette de plantes sélectionnées a évolué depuis le lancement du projet, en 1978. On a ajouté le maïs d'ensilage et le soja, tandis que la betterave et le chou ont disparu du champ. L'étude porte aussi bien sur la productivité que sur les services écosystémiques, c'est-à-dire les effets sur l'environnement.

Des différences notables au niveau des rendements

En ce qui concerne les rendements, les résultats sont clairs:

«Si l'on compare les rendements toutes cultures confondues sur 47 ans, on arrive à environ 85% du conventionnel avec les deux procédés bio».
Jochen Mayer, agronome

En considérant les cultures unes par unes, on constate de grandes différences. Elles s'avèrent plus marquées pour les plantes centrales de l'alimentation humaine. Le blé d'hiver atteint seulement 70 à 75% du rendement conventionnel, et les pommes de terre 65%.

Le bilan est meilleur pour l'alimentation animale. Pour le maïs d'ensilage et le trèfle, on atteint presque 90%. Et le soja remporte la palme, n'affichant aucune différence liée à la pratique. Cette légumineuse a besoin de moins d'azote. On peut ainsi en conclure que l'apport d'azote constitue la principale différence de rendement.

Alors comment augmenter la production en bio? En utilisant mieux les cycles des éléments nutritifs, répond Jochen Mayer. L'apport d'azote limite certes le système biologique, mais l'ajout artificiel poserait problème. Cela surfertiliserait les sols. Mieux vaut donc utiliser les déchets animaux et les déchets verts des ménages comme engrais. Récupérer l'azote et le phosphore des eaux usées et des boues d'épuration. Car il est possible de les purifier, on fait ainsi disparaître toute trace de PFAS ou de métaux lourds.

«Une autre étape consisterait à utiliser les excréments humains»

L'humain excrète en effet de grandes quantités d'azote, de phosphore et de potassium. La majeure partie est contenue dans l'urine. Des projets autour de l'utilisation de ce précieux liquide ont déjà été lancés, par exemple à l'Institut de recherche de l'eau Eawag et de l'EPF. «Le potentiel est énorme. Cela permettrait d'augmenter les rendements avec l'urine, sans azote artificiel».

Biologique et biodynamique, même combat

L'essai DOK révèle par ailleurs que les deux méthodes bio étudiées, selon les cahiers des charges Demeter et Bio Suisse, ne diffèrent que peu en termes de rendement. Il n'y a que la pomme de terre qui soit plus intéressante en biodynamie, mais cela est dû aux conditions météorologiques.

Le bio a des avantages pour tous les paramètres environnementaux, par exemple la diversité des plantes et des animaux du sol. Toutefois, on observe un grand recoupement avec le conventionnel sur la question de la santé des sols. Mais le docteur en agronomie tranche:

«Tendanciellement cependant, les fermes bio sont légèrement meilleures que les conventionnelles.»

Ce qui est sûr, c'est que le bio coûte plus cher. Le collaborateur de l'Agroscope y voit deux raisons: d'une part, il demande un peu plus de travail, par exemple pour le désherbage mécanique, et d'autre part, il donne des rendements inférieurs. «Tout cela mis bout à bout justifie un supplément de 40 à 50% sur le prix des produits bio», dit Mayer. Avec néanmoins des variations.

L'objectif demeure évidemment d'accroître encore la part du bio. Mais le spécialiste souligne qu'il faut en parallèle améliorer les systèmes agricoles conventionnels. On peut notamment réduire considérablement l'utilisation de produits phytosanitaires. A l'avenir, par exemple grâce à des robots autopropulsés dans les champs.

L'un des grands avantages de l'agriculture biologique pour l'environnement est qu'elle a des règles claires en matière d'élevage. Un éleveur bio ne peut pas détenir trois fois plus d'animaux que sa surface ne peut en nourrir. Cela reviendrait sinon à acheter trop de fourrage, ce qui pose en Suisse de gros problèmes de surfertilisation en azote ainsi qu'en phosphore. Le système se contient et se limite ainsi de lui-même:

«Le bio continuera de progresser mais il n'arrivera jamais à 100%»

Traduit et adapté par Valentine Zenker

Suivez-moi pour plus de recettes!
1 / 9
Suivez-moi pour plus de recettes!
source: imgur
partager sur Facebookpartager sur X
Voici l'homme qui murmurait aux oreilles des alligators
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Justin Bieber a vécu une autre journée parfaite en Suisse
Si le chanteur canadien n'a vraisemblablement pas quitté Genève pour aller crapahuter du côté de Gruyère ou du Creux-du-Van ce jeudi, il semble toujours apprécier son séjour en terres helvétiques, comme en atteste son activité frénétique sur les réseaux sociaux.
La Suisse s'est trouvé un nouveau fan. Si la superstar ne s'est pas encore photographiée en pleine dégustation d'une fondue ou les crocs plantés dans un pâté vaudois moelleux, il a (au moins!) lâché un like enthousiaste sur un post instagram d'une joueuse de la Nati, Smilla Vallotto. En voilà, un bon patriote.
L’article