L’acide trifluoroacétique, une substance chimique difficile à décomposer et appartenant à la famille des PFAS, se retrouve presque partout dans les nappes phréatiques. Il est plausible que l’agriculture ait contribué à la présence de ces produits chimiques. Comment jugez-vous la situation?
Nous avons besoin de plus d’informations avant de pouvoir prendre des décisions. D’où viennent ces substances? De l’industrie, des hôpitaux, ou ont-elles été introduites dans nos sols par l’épandage de boues d’épuration dans le passé? On en sait encore très peu.
Les produits chimiques PFAS nuisent à la santé. Ne faut-il pas agir vite?
Pour l’instant, personne ne sait quel est l’impact réel de ces substances sur la santé, combien d’eau par exemple une personne devrait boire chaque jour pour que cela devienne nocif. Prendre des mesures sur la base de conjectures ne serait pas sérieux.
Les agriculteurs sont de potentiels responsables, mais aussi victimes de la contamination des sols et des eaux. Dans votre canton, Saint-Gall, cinq exploitations agricoles ne peuvent plus vendre de viande, car des PFAS y ont été détectés. Quelle est l’inquiétude au sein des milieux agricoles?
L’inquiétude, alimentée en partie par la communication du canton de Saint-Gall, est énorme. Le parlement cantonal a débloqué 5 millions de francs pour indemniser les familles agricoles touchées. C’est une somme importante pour résoudre un problème que l’on connaît à peine.
Le gouvernement cantonal saint-gallois a agi de manière précipitée, c’était une réaction prématurée. L’Office fédéral de l’environnement, sous la responsabilité du conseiller fédéral Albert Rösti, a désormais la tâche de collecter les données nécessaires pour toute la Suisse.
Combien d’exploitations agricoles pourraient être contraintes de fermer ou de modifier leur production?
On ne peut pas le dire. Les cinq exploitations à Eggersriet (SG) se trouvent dans une région de pâturages, où il y a peu de culture de légumes ou de céréales, et où l’épandage d’engrais minéraux est limité. Si même là les PFAS sont trop présents, qu’en est-il dans d’autres régions de Suisse? Encore une fois, nous ne savons pas, il nous manque des données.
On soupçonne que le problème vient de l’épandage de boues d’épuration provenant de zones industrielles dans la région. Les boues d’épuration ont été utilisées pendant des années dans presque toute la Suisse. Que dites-vous aux agriculteurs inquiets?
Cela ne sert à rien de se lancer maintenant dans un activisme précipité et de prendre des mesures irréfléchies. Nous avons besoin de bases scientifiques, et ensuite, nous pourrons définir des limites harmonisées au niveau international pour les nappes phréatiques, les sols et les aliments.
Traduit et adapté de l’allemand par Tanja Maeder