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Enfermée 11 jours au Gothard: elle veut devenir astronaute

Les neuf astronautes sont prêts pour une simulation de voyage vers la Lune.
Les neuf astronautes sont prêts pour une simulation de voyage vers la Lune.Image: watson

On a visité la base sous le Gothard où les aspirants astronautes s'exercent

Une équipe internationale d’étudiants sélectionnés simule, à l’intérieur du Gothard, une mission lunaire.
17.08.2025, 06:5617.08.2025, 06:56
Ralph Steiner
Ralph Steiner
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«C’est une forteresse, pas un bunker, comme on a pu le lire dans certains médias», précise d’emblée Damian Zingg, directeur du musée Sasso San Gottardo, après un accueil chaleureux.

Nous sommes un dimanche matin de juillet, et nous nous trouvons à l’intérieur du massif du Gothard, à 2100 mètres d’altitude. Depuis Airolo, un car postal nous a conduits via de nombreuses épingles jusqu’au col. La montée par la Tremola est splendide et, avec le brouillard, l’atmosphère prend des allures mystiques. Malgré la saison, la température n’atteint que 10°C ce jour-là.

L’entrée de la forteresse du Gothard.
L’entrée de la forteresse du Gothard.Image: watson

Ces jours-ci, Zingg héberge dans les galeries de la forteresse neuf jeunes venus des Etats-Unis, du Brésil, du Portugal, du Danemark, du Royaume-Uni et d’Allemagne. Ils participent à la cinquième mission d’Asclepios.

Une simulation de 19 jours

Lancé à l’EPFL et financé par des sponsors et partenaires, ce programme simule, dans l’ancienne forteresse du Gothard, une mission lunaire dans des conditions aussi réalistes que possible. Les neuf étudiants vivent en équipes de trois, jusqu’à 19 jours en quasi-isolement total et sans lumière du jour.

Le chemin vers l’intérieur de la forteresse.
Le chemin vers l’intérieur de la forteresse.Image: watson

Ils dorment sur de simples couchettes et se nourrissent de fruits secs, de barres de céréales et de plats lyophilisés. Ils apprécient particulièrement les macaronis au fromage, les pâtes bolognaises et les fajitas au poulet.

Durant leur mission, les astronautes dorment sur ces transats de jardin.
Durant leur mission, les astronautes dorment sur ces transats de jardin.Image: watson

Pendant leur séjour «sur la Lune», les jeunes astronautes ont effectué des réparations et des travaux de maintenance sur leur station spatiale, et mené des expériences scientifiques. Leur seul contact était l’équipe du Mission Control Center, également composée d’étudiants.

La mission lunaire était surveillée grâce au centre de pilotage.
La mission lunaire était surveillée grâce au centre de pilotage.Image: watson

Pour résister aux défis physiques et psychologiques, ils se sont préparés durant des mois, avec des exercices d’ensevelissement dans la neige pour simuler un sauvetage en avalanche, de la plongée sous glace ou encore une formation de pompiers. En somme, un entraînement varié et exigeant.

Afin d'entretenir leurs muscles en apesanteur, l’entraînement physique était obligatoire pour les astronautes.
Afin d'entretenir leurs muscles en apesanteur, l’entraînement physique était obligatoire pour les astronautes.Image: watson

Un processus de sélection ardu

Ella Ganzer fait partie des neuf sélectionnés pour cette mission. Etudiante en aéronautique et astronautique à l’Université technique de Munich, elle a été retenue, comme ses coéquipiers, au terme d’une procédure en plusieurs étapes, face à 200 candidats.

Originaire de Munich, Ella Ganzer fait partie de la cinquième mission lunaire Asclepios.
Originaire de Munich, Ella Ganzer fait partie de la cinquième mission lunaire Asclepios.Image: watson

Viser une carrière d’astronaute? Ella Ganzer répond:

«Je crois qu’on ne peut pas construire toute sa carrière autour de cet objectif. Mais je peux tout à fait m’y voir»

Sa prudence s’explique, car seuls environ 50 Européens sont allés dans l’espace à ce jour. Claude Nicollier, mentor du programme Asclepios, reste l’unique Suisse dans ce cas.

Joachim Harding, du Danemark, et Lauren Victoria Paulson, des Etats-Unis, font également partie de l’équipe d’astronautes de cette année.
Joachim Harding, du Danemark, et Lauren Victoria Paulson, des Etats-Unis, font également partie de l’équipe d’astronautes de cette année.Image: watson

A chacun sa mission

Chaque membre de l’équipage de neuf astronautes avait une mission spécifique. Ella Ganzer était responsable du service médical, rôle pour lequel sa formation de secouriste qualifiée, suivie en parallèle à ses études, lui a été utile.

La jeune femme a réponse à toutes les questions, y compris sur l’importance de la coopération spatiale en période de tensions internationales:

«Dans un monde qui se fragmente et où l’on ne s’écoute plus, des projets internationaux comme ceux de la conquête spatiale sont essentiels.»

Deux semaines et demie se sont écoulées depuis cette déclaration. Et les neuf astronautes sont tous revenus sains et saufs sur «Terre».

Le drapeau interplanétaire de la Terre, conçu en 2015 par le designer suédois Oskar Pernefeldt.
Le drapeau interplanétaire de la Terre, conçu en 2015 par le designer suédois Oskar Pernefeldt.Image: watson

Pour la première fois, la mission a simulé le voyage aller et retour vers la Lune. L’équipe d'Ella Ganzer a passé une journée pour rejoindre la station, puis deux jours pour en revenir, soit 24 et 48 heures confinés dans un petit espace, un défi psychologique. Leur séjour lunaire a duré huit jours. Un autre groupe a passé 17 jours sur la station.

De nombreuses études réalisées

Mais quelle a été la plus grande difficulté pour Ella Ganzer?

«Tout était minuté. Certains jours, nous recevions du Mission Control Center énormément de tâches et d’expériences à réaliser. D’autres jours, presque rien. Trouver l’équilibre n’a pas été simple.»

Le processus de sélection et la participation à la mission en valaient la peine, assure-t-elle:

«Je le referais sans hésiter. Les gens ici sont formidables et nous avons vécu beaucoup de choses passionnantes»

Elle a mené une expérience sur les microalgues, observant chaque jour leur croissance dans l’atmosphère simulée de la station. D’autres travaux concernaient la technique, la psychologie ou le droit. L’équipage a également testé différents filtres à air et un gant de combinaison spatiale, et rempli de nombreux questionnaires pour des études psychologiques.

Ella Ganzer explique en quoi consiste son expérience sur les algues.
Ella Ganzer explique en quoi consiste son expérience sur les algues.Image: watson

En conclusion de cette cinquième mission lunaire, les neuf astronautes ont descendu à pied le Gothard jusqu’à Airolo. Quelques jours plus tard, après avoir rangé et participé à une fête de clôture, chacun est reparti de son côté. Ella Ganzer a pris le train pour Munich:

«Je me réjouis de retrouver mon lit et ma famille, mais toute l’équipe va énormément me manquer»

Peu de temps pour souffler, car les examens l’attendent déjà à l’université. Sur Terre, la vie continue, même après quelques jours passés sur la Lune.

Traduit de l'allemand par Joel Espi

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