La Suisse ne pourrait pas être plus fière de son système de formation. A chaque occasion, on le met en avant pour montrer à quel point le pays ouvert: tout est possible, rien n’est exclu.
Dans le même temps, tous les diplômes sont loin d’être suffisants pour être admis à des études supérieures. Les hautes écoles spécialisées ont longtemps – et parfois encore aujourd’hui – lutté pour la reconnaissance académique de leurs diplômes de bachelor. Et avec un diplôme d’une école supérieure spécialisée en poche, il est certes possible de poursuivre des études dans une haute école spécialisée avec des conditions facilitées, mais pas à l’université.
Une nouvelle étude montre pourtant que les titulaires d'un diplôme d'une école supérieure (ES) tirent plus de bénéfices de leur formation que leurs collègues des hautes écoles spécialisées (HES).
L’étude a été commandée par l’association de l’éducation Edusuisse. Elle examine la valeur ajoutée des études en haute école spécialisée (HES) par rapport à une formation en école supérieure (ES). Jusqu’à présent, ces deux types d’écoles étaient souvent regroupés et comparés aux études universitaires.
Pourtant, au sein de cette «deuxième voie de formation», qui ne passe pas par l’université, les différences sont importantes: coût pour l’étudiant, montant des fonds publics investis ou encore rapidité d’entrée sur le marché du travail.
Puisque l’enseignement en HES est plus académique, ses diplômés s’attendent à des salaires plus élevés à long terme. Les ES sont plus accessibles et plus orientées vers la pratique. Il n’est pas nécessaire d’avoir une maturité professionnelle pour y étudier, mais on ne peut pas non plus obtenir de titre de bachelor.
Une idée que l'étude vient contredire. Les deux voies de formation sont rentables. Mais le rendement d'un diplômé ES, c'est-à-dire ce que ses études lui apportent en termes de salaire, est supérieur de 5% à celui d'un diplômé HES. Si l'on tient compte de la plus-value pour les contribuables, le rendement des études en HES est de 4 à 10%. Pour les diplômes ES, il est supérieur de 6 à 8% selon la spécialisation.
En d’autres termes: un diplômé d’une ES gagne plus vite et plus d’argent – et paie plus d’impôts – qu’un diplômé d’une HES, sans avoir de Bachelor. A long terme, les diplômés HES perçoivent certes des salaires plus élevés, mais sur l’ensemble de la vie professionnelle, ces gains ne compensent pas la différence de valeur ajoutée.
Edusuisse demande donc davantage de reconnaissance pour les écoles supérieures. L’étude met en évidence «le potentiel d’un soutien renforcé aux écoles supérieures» et fournit «des impulsions claires pour les discussions en matière de politique éducative», écrit l’association.
Le Conseil fédéral a déjà annoncé vouloir renforcer les écoles supérieures. En avril, il a fait savoir qu’il souhaitait introduire les titres de «Professional Bachelor» et «Professional Master» pour les filières ES, afin de les faire gagner en visibilité. On ne sait pas encore quand le Parlement examinera la proposition.
Traduit de l'allemand par Anne Castella