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Présidence des Verts: il n'y avait que Lisa Mazzone

Lisa Mazzone.
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Lisa Mazzone arrange tout le monde

L'ex-conseillère aux Etats genevoise Lisa Mazzone est candidate pour la présidence des Verts. Le reste du parti semble lui ouvrir la voie royale. Un problème de relève? Un politologue voit les choses différemment.
24.01.2024, 16:5724.01.2024, 18:39
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C'est par ces mots que Lisa Mazzone avait commenté sa défaite lors de l'élection au Conseil des Etats, en novembre dernier, au micro de la RTS. Si ce jour-là, les déclarations de la Genevoise étaient restées évasives auprès des autres médias, cette phrase-là était on ne peut plus claire.

Et pourtant. Mardi 23 janvier, l'ex-parlementaire verte la plus célèbre du pays annonce se présenter pour la présidence de son parti, laissée vacante par Balthasar Glättli. Le cas serait une première depuis longtemps: une présidente de parti qui ne siège pas au Parlement?

A nouveau au micro de la RTS, cette fois-ci à la Matinale de mercredi matin, Lisa Mazzone a confirmé que le parti était venu la chercher, «comme d'autres», a-t-elle précisé. Un demi-aveu qui laisse planer le doute. Les Verts ont-ils tant de mal à trouver quelqu'un à Berne pour reprendre la présidence du parti?

Les favoris ne veulent pas du poste

Le cas est surprenant. Les uns après les autres, les favoris ont décidé de faire un pas de côté. Gerhard Andrey, tout d'abord. Celui qui a été envoyé pour tenter le coup de force au Conseil fédéral face à Ignazio Cassis, en décembre dernier, avait tout du cheval gagnant, respecté par ses pairs et ses adversaires. Il a préféré dire non.

Pareil pour Aline Trede, la cheffe du groupe parlementaire aux Chambres, dont la légitimité était naturelle. Le Neuchâtelois Fabien Fivaz a aussi indiqué qu'il n'était pas intéressé, tout comme le Vaudois Raphaël Mahaim. Et que dire de l'Argovienne Irène Kälin, présidente du Conseil national en 2022 ou Sibel Arslan, une députée de Bâle-Ville populaire en Suisse alémanique, qui se récusent-elles aussi?

Le parti ne manque pourtant pas de figures connues du grand public et actives à Berne. En Suisse romande par exemple, avec le vice-président du parti, le Genevois Nicolas Walder, ou encore le Valaisan Christophe Clivaz, profilé sur la question du loup. Ou pourquoi pas Céline Vara, qui entame son deuxième mandat aux Etats?

Problème de relève ou voie royale?

Si la «vague verte» avait amené de nombreux nouveaux parlementaires à Berne en 2019, aucune nouvelle tête d'affiche écologiste n'a été élue en octobre dernier et aucun de ceux qui siègent en ce moment ne veulent le poste. Les Verts ont-ils un problème de relève politique?

Le comparatif s'impose naturellement avec l'UDC, aussi à la recherche de son président. S'il faut bien constater que le parti agrarien dispose d'un effectif de parlementaires beaucoup plus élevé à Berne, l'un d'entre eux a fini par sortir du bois: le conseiller national schwyzois Marcel Dettling.

Celui-ci semble déjà élu. Et pour les Verts? A moins d'une surprise de dernière minute jusqu'au délai de postulation — le 4 février —, les Verts libèrent la voie royale pour Lisa Mazzone. A l'image d'Irène Kälin, qui a déclaré à Keystone-ATS:

«Si n'y avait pas de candidat valable, j'y aurais réfléchi. Mais nous avons désormais une candidate appropriée»
Irène Kälin (Verts/AG)ats

Un job pas forcément très prisé

Car outre les intentions du parti, il faut dire que le poste de président de parti n'est pas forcément très prisé à Berne. La place comporte beaucoup de responsabilités et de charge de travail et peu d'avantages. Des parlementaires d'autres partis, qui n'ont pas souhaité s'exprimer à visage découvert, confirment que le job d'un président de parti n'est pas de tout repos, avec peu d'avantages en sus. Et aussi, la lourde tâche d'incarner un cap pour le parti, un exercice particulièrement difficile.

En ce sens, ne pas disposer de charge de travail comme parlementaire «pourrait être un avantage», note Pascal Sciarini, professeur en sciences politiques à l'Université de Genève. «Le travail des présidents de parti est important et chronophage. Il est contraignant de la conjuguer avec un mandat de parlementaire. Les politiciens qui se lancent là-dedans ne le font pas pour l'argent et ce n'est pas donné à n'importe qui.»

«Il y a un côté sacerdoce, c'est un poste où on se dévoue pour le parti»
Pascal Sciarini, politologue

D'autant plus que Lisa Mazzone n'est pas une inconnue à Berne et connaît les travées du Parlement. Avant elle, la dernière patronne d'un parti à n'avoir pas de mandat parlementaire était la Zurichoise Ursula Koch, élue en juin 1997. Elle n'était alors qu'une outsider complète. Elue au Conseil national en décembre 1999, elle se retirera de la vie politique six mois plus tard pour raisons de santé et personnelles. «Lisa Mazzone a un réseau, elle connaît le personnel de l'administration et le secrétariat du Parlement», compare le professeur.

«Lisa Mazzone a siégé au Conseil national et des Etats et connaît parfaitement les rouages à Berne»
Pascal Sciarini, politologue

Certains aspects pratiques posent également question. Si elle devient présidente, la Genevoise aura-t-elle le droit d'accéder aux PV des commissions ou à débriefer celles-ci avec les conseillers nationaux et aux Etats?

Pascal Sciarini estime que ce n'est pas un problème. «S'il est interdit de révéler ce qui se dit en séance, il est bien sûr possible de discuter des sujets de celles-ci entre membres du personnel politique», indique le politologue. Qui note que les parlementaires siègent déjà au sein de différentes commissions et discutent entre eux de l'actualité du Parlement, jusqu'aux votes finaux en plénum.

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