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Covid: Les concerts gratuits sous réservation, la raison d'un bide?

Au concert de Stress à Lausanne ce 9 novembre, il n'y avait qu'une soixantaine de personnes.
Au concert de Stress à Lausanne ce 9 novembre, il n'y avait qu'une soixantaine de personnes.Image: shutterstock et keystone / montage Saïnath bovay
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Vaccin et concerts: la gratuité sous réservation, la raison d'un bide?

Seule une cinquantaine de personnes s'est pointée à Lausanne pour le concert pro-vaccination de Stress, malgré les 450 inscrits. Il s'agirait d'une blague d'anti-vaccins. Mais les réservations gratuites, n'était-ce pas déjà une mauvaise idée en soi? Prise de température auprès des acteurs de l'événementiel.
11.11.2021, 05:5416.11.2021, 16:28

Un flop total. Stress, Sophie Hunger et Danitsa se sont produits devant quelque 50 personnes dans le cadre de la «Semaine de la vaccination» organisée par la Confédération. Journalistes et invités y compris. Et ce, alors même que 450 personnes étaient inscrites. Car oui, il fallait réserver, même si le concert était gratuit. Côté injections, ce n'est pas mieux: seules trois personnes ont profité de la possibilité de se faire vacciner sur place (le but de la soirée). Rebelote à Sion mercredi soir, où le public attendu n'a pas été le même qu'accueilli.

Ce qui devait être un concert complet devient quasiment un complot. Des complotistes qui auraient comploté? Un retournement de situation plutôt cocasse. Sur la messagerie Telegram, prisée entre autres par les récalcitrants à la vaccination, 24 heures et la Radio télévision suisse (RTS) ont trouvé des messages appelant plus ou moins explicitement à faire de fausses réservations auprès de l'événement.

Contacté par watson, le syndic de Nyon et directeur du Paléo Festival, Daniel Rossellat, refuse de voir dans les réservations gratuites un système inadapté aux circonstances: «J'ai organisé beaucoup de sortes de concerts dans ma vie. Ce n'est jamais fiable à 100%. J'avais par exemple organisé un événement sur invitation, où ce n'étaient pas les invités qui étaient venus, mais des personnes non inscrites». D'après celui qui a aussi prêté son image à cette «Semaine de la vaccination»:

«Certaines personnes ne sont plus dans le débat d'idées, mais dans le sabotage. Tout devient donc dangereux, même organiser des concerts»

Drieberg: «Une mauvaise idée du début à la fin»

Un avis que ne partage pas Michael Drieberg, patron de Live Music Production et fondateur du festival Sion sous les étoiles. Pour lui, le fond de l'affaire est simple:

«Ces concerts étaient une mauvaise idée du début à la fin. On n'a pas besoin de ces trucs de guignols. Ils ont eu ce qu'ils méritent»

En cause, l'amateurisme des organisateurs, surtout quand on pense aux montants faramineux de cette opération (96 millions pour le total de l'offensive vaccinale): «Ce n'est pas un projet qui émane des professionnels de la branche». Aussi, vu le prix de cette démarche, Michael Drieberg trouve pour le moins curieux que les artistes soient payés. Selon lui, ils feraient mieux de faire campagne bénévolement. Mais le pire n'est pas là pour le producteur:

«On donne une mauvaise image de ce que sont les concerts en ce moment: les gens viennent à l'Arena, ils se font vacciner. On voit enfin la fin du tunnel et avec ce genre de flops, on gâche tout»

Daniel Rossellat le rejoint sur un point: le principal est que les concerts puissent reprendre, le lien social se faire et la société retrouver le chemin de la normalité au moyen de la vaccination du plus grand nombre. Mais il ne voit pas d'un œil négatif les festivités de la semaine nationale de la vaccination, au contraire. Et rappelle qu'«à part le nombre de participants à Lausanne, il n'y a eu aucun couac».

Reste que le modèle dernier cri de sensibilisation nationale, à quelques semaines de la votation sur la loi Covid, risque d'être contre-productif s'il continue sur cette lancée. A moins que les agissements supposés de certains anti-vaccins ne finissent par renforcer l'autre camp.

Des loutres, en veux-tu en voilà
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Des loutres, en veux-tu en voilà
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