Cette année, l'élection complémentaire du Conseil fédéral de décembre sera double. Elle verra le remplacement de deux de ses membres sur le départ: l'UDC Ueli Maurer et la socialiste Simonetta Sommaruga.
Ces décisions vont dans l'ordre des choses, les deux politiciens étant les «aînés» du Conseil fédéral: Ueli Maurer y siège depuis 14 ans, Simonetta Sommaruga depuis 12 ans. Mais pour cette dernière, les problèmes de santé de son mari ont précipité son départ.
Les conseillers fédéraux sont élus dans le sillage de l'élection du Parlement. La prochaine se tiendra l'année prochaine. En effet, c'est celui-ci qui élit les Sept sages et la règle (bien qu'implicite) en vigueur veut que si l'équilibre au sein de ses rangs est modifié, la représentation des partis au gouvernement l'est aussi.
En théorie, donc, le Conseil fédéral pourrait changer radicalement d'orientation politique tous les quatre ans. En pratique, c'est une certaine stabilité qui prévaut.
Les cinq derniers conseillers fédéraux sur le départ ont tous démissionné en cours de mandat. Avant Ueli Maurer et Simonetta Sommargua, Johann Schneider-Ammann, Doris Leuthard et Didier Burkhalter ont également quitté leur poste en cours de route.
Mais pourquoi nos 7 Sages ne vont-ils donc pas au bout de leur mission? Nenad Stojanović, politologue et professeur à l'Université de Genève, nous éclaire sur ce phénomène. Il tient tout d'abord à préciser:
Selon l'expert, les décisions personnelles sont souvent celles qui poussent les conseillers ou conseillères fédérales vers la sortie.
Les présidents de parti n'ont pas toujours le contrôle. «Cela dépend du lien qu'a le conseiller fédéral avec son parti», explique Nenad Stojanović. Si le timing lié à un départ peut être d'importance pour l'élection qui suit, il estime que:
Toutefois, «ils ont beaucoup d’influence pour structurer l’élection du nouveau membre du gouvernement. Par exemple, les dirigeants du PS ont tout de suite indiqué que pour la succession de Simonetta Sommaruga, le parti proposera un ticket avec deux femmes de n’importe quelle région linguistique».
Les circonstances personnelles dictent donc bien souvent les départ. La santé y est un facteur important. «Simonetta Sommaruga quitte son poste à cause de l'état de santé de son mari, mais c'est souvent celui du politicien en question qui en cause.» Et de citer les cas de Johann Schneider-Ammann, Hans-Rudolf Merz ou de Samuel Schmid.
Mais démissionner un peu moins d'une année avant les élections fédérales est-elle la bonne stratégie? Selon Nenad Stojanović, ce n'est pas le cas:
Et d'ajouter:
Selon Nenad Stojanović, un cas d'école de stratégie politique dictée par le parti existe pourtant: en 1999, le Parti démocrate-chrétien (PDC, devenu Le Centre) craint pour son deuxième siège au Conseil fédéral, dans le viseur de l'UDC qui progresse rapidement.
Fin décembre 1998, ses deux conseillers fédéraux en poste, Flavio Cotti et Arnold Keller, démissionnent en même temps, ce qui surprend toute la classe politique.
Le 11 mars 1999, Joseph Deiss et Ruth Metzler-Arnold sont élus à leur place, ce qui permet de sauver les deux sièges PDC quelques mois avant les élections fédérales. L'UDC emportera finalement le deuxième siège centriste en 2003 avec Christoph Blocher.