La Protection suisse des animaux (PSA) semble traverser la crise sans trop de remous. Le nouveau directeur, Marco Mettler professionnalise les affaires courantes. L'expert juridique Peter V. Kunz dirige une commission d'enquête qui se penche sur les irrégularités financières. Le comité a adopté un nouveau règlement intérieur qui évite les conflits d'intérêts. Et un groupe de réforme dirigé par l'avocat bâlois Jascha Schneider-Marfels a rédigé de nouveaux statuts qui donnent plus de compétences aux sections et limitent la durée des mandats.
Toutes ces évolutions positives ont mené l'organisme Zewo à retirer l'association de sa liste noire des organisations non transparentes en novembre dernier.
PSA veut donc prendre un nouveau départ: le favoritisme et le cumul des fonctions pratiqués sous la présidence de longue date de Heinz Lienhard doivent prendre fin. Peter V. Kunz, ami des chats très engagé, professeur de droit économique renommé et spécialiste de la gouvernance d'entreprise, veut également y veiller: il se porte candidat à la présidence et devrait être élu lors de l'assemblée extraordinaire des délégués de ce samedi.
Mais un nouveau conflit s'est manifesté, mettant en péril le cours des réformes. Une newsletter adressée mercredi à toutes les sections de la PSA, et dont nous avons eu connaissance, fait état de «pressions considérables» exercées sur le comité central. Selon cette newsletter, certaines sections romandes auraient annoncé leur intention de «perturber l'assemblée des délégués, de bloquer l'élection de Peter V. Kunz à la présidence et d'empêcher la réforme urgente et nécessaire des statuts».
Au cœur du conflit se trouve l'ancienne «Miss Suisse» Lolita Morena (65 ans), qui siège depuis 17 ans au comité directeur et a encaissé des centaines de milliers de francs pour des services de communication, des voyages internationaux et des remboursements de frais de travail.
Pendant des années, Lolita Morena a réalisé des vidéos sur des refuges et des animaux perdus en Suisse romande. Elle n'était pas seulement soutenue par le président de longue date Heinz Lienhard (88 ans), qui siège encore aujourd'hui avec elle dans plusieurs fondations, mais aussi par l'actuel président par intérim Piero Mazzoleni (74 ans), qui loue encore, cette semaine, l'engagement et l'amour des animaux de Morena.
Pendant la période de transition qui a suivi son élection mouvementée en janvier 2024, le Tessinois avait signé un nouveau contrat avec Lolita Morena. Selon celui-ci, elle devait réaliser 40 vidéos de dix à vingt minutes – pour plus de 200 000 francs par an. Le nouveau comité directeur a immédiatement résilié le contrat. Mais l'ancienne miss Suisse n'a pas voulu se laisser faire.
Sa contreproposition était la suivante: elle se retirerait du conseil d'administration, mais recevrait un nouveau projet de contrat. Celui-ci a portait «à nouveau sur un montant total à six chiffres», confirme le bureau de la PSA.
Malgré des tentatives de pression, le comité central a rejeté à l'unanimité sa proposition lors d'une réunion de crise mardi soir, «car la somme demandée semble déraisonnable au vu de la situation financière de la PSA», écrit le bureau central sur demande. En lieu et place, on a proposé à Morena «un petit mandat horaire pour le recrutement de membres du comité et l'échange d'informations avec les sections de Suisse romande». Cela ne suffit manifestement pas à Lolita Morena.
Lolita Morena elle-même n'était pas joignable pour un commentaire. Elle a vendu sa propriété en Valais l'année dernière pour s'installer en Italie. Dans un «communiqué» envoyé mercredi soir aux sections, elle critique la newsletter interne du comité central, qu'elle qualifie à tort de «communiqué de presse».
Elle déplore des «attaques calomnieuses» et le fait que ses émissions télévisées «Toudou» aient été «annulées»:
Selon elle, un nouveau lancement aurait permis «d'apaiser les sections romandes». Il reste à voir si les sections romandes s'opposeront effectivement aux réformes samedi par solidarité avec Lolita Morena. La modification des statuts nécessite une majorité des deux tiers.
En revanche, ce qui est sûr, c'est que l'enquête pénale du ministère public bâlois pour la criminalité économique bat son plein. Après plusieurs auditions, le dossier comprend déjà des centaines de pages et se concentre sur des transactions immobilières douteuses. La «Protection suisse des animaux» est impliquée dans la procédure en tant que partie civile, afin de faire valoir d'éventuelles demandes de dommages et intérêts.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci