Les Suisses ont à peine eu le temps de s'habituer à leur nouvelle série de billets de banque, sortis entre 2016 et 2019, que la Banque nationale suisse (BNS) s'attelle à la prochaine volée. L'année prochaine, elle devra choisir celle que le public aura préféré parmi plusieurs modèles en compétition.
Nous vous en avons profité pour vous demander lesquels vous préfériez, parmi une douzaine de concepts différents. Plus de 1400 d'entre vous ont participé à ce sondage et on peut dire que les résultats sont serrés.
Nous avons deux vainqueurs, ex-aequo. Les concepts J et K obtiennent chacun 20% des voix. Le modèle J, tout d'abord. Il s'agit de la série la plus claire et aérée, avec un dessin fin et élégant, présentant des motifs floraux et architecturaux suisses.
«C'est un très bon choix, je suis ravi qu'il sorte en premier parmi vos lecteurs», lâche David Corradini, membre du comité directeur de Swiss graphic designers, l'association faîtière des graphistes suisses.
Le graphiste y voit une possible volonté du public à retourner à des billets de banque plus anciens, de style «papier-valeur», après deux séries de billets beaucoup plus «techniques» et plastiques qui «donnent presque un aspect "Monopoly"», la dernière étant notamment inspirée par l'Euro. Dans tous les cas, il y voit une «prise de risque» appréciable et un «vrai changement graphique».
Ici, les couleurs sont tout de suite plus intenses et profondes, avec un contraste fort. Des humains y sont occupés à diverses activités, dos-à-dos avec des paysages typiquement suisses, entre forêt, lacs et montagne. «Ici, c'est beaucoup plus figuratif», note David Corradini, soit des papiers qui montrent le réel et pas des éléments symboliques.
Quant aux représentations d'humains non célèbres, «c'est toujours un choix un peu délicat», note l'expert.
En deuxième place, c'est le «I» qui l'emporte avec 13% des voix. Ce modèle est plus onirique, avec des couleurs éclatantes et glossy. On y voit des animaux, des fleurs, des fruits d'un côté, et des paysages suisses de l'autre, avec des tracés représentants des bouts de frontière helvétique.
Celui-ci, David Corradini nous le fait comprendre d'emblée, n'est pas forcément de son goût. Il explique: «Dans les billets de banque, il faut toujours un équilibre entre un aspect figuratif et un aspect surréaliste. Ici, c'est beaucoup trop chargé et illustratif.»
Symboliquement, le graphiste dit ne pas saisir le but de ce modèle. «Une nouvelle série de billets, c'est le signe d'un changement, de quelque chose qui a du caractère. Ici, on manque sa cible, je ne comprends pas la prise de position.»
En fin de podium, le modèle B vous a convaincu avec 12% des voix. Il s'agit peut-être du concept dont les couleurs se rapprochent le plus de nos billets de banque actuels. Assez sombres et sobres, on peut y voir des paysages suisses, quelques animaux et des représentations de l'ingénierie helvétique.
«On voit des choses qui montent avec des triangles, ce qui donne un aspect vertical intéressant aux billets», estime David Corradini.