Armée: Berne veut obliger les femmes à suivre la journée d'information
Les jeunes femmes suisses devraient obligatoirement suivre une journée d'information sur l'armée et la protection civile. Le Conseil fédéral a mis en consultation mercredi un projet en ce sens.
Comme les jeunes hommes, les jeunes femmes de nationalité suisse dès 18 ans doivent avoir la possibilité de se faire une idée concrète du système de l'obligation de servir. Elles doivent également pouvoir s'informer sur les possibilités et les perspectives offertes par l'armée et la protection civile, a indiqué devant les médias le ministre de la défense Martin Pfister.
Cette journée les informe notamment sur le déroulement du recrutement, les différentes fonctions de l'armée et de la protection civile, les critères d’affectation et les autres possibilités de carrière. Les droits et devoirs qui s’appliquent dans le cadre du service militaire et de la protection civile y sont également expliqués.
L'organisation de cette journée est du ressort des cantons. Ce sont également eux qui décideraient d'éventuelles sanctions en cas de non-présence.
Les femmes ne seraient toutefois pas obligées d'accomplir un service. L'armée et la protection civile ne seraient pas en mesure d'absorber autant d'astreints, a souligné Pfister, rappelant les arguments avancés contre l'initiative Service citoyen en votation à la fin du mois. Ce projet n'est toutefois pas un contre-projet de dernière minute, s'est-il défendu.
Des mesures en cas de harcèlement
Pour le gouvernement, l'égalité des chances en sera favorisée. Celui-ci espère également que les femmes oseront davantage «sauter le pas» et s'engager au sein de l'armée. Et le ministre de la défense de rappeler que les études ont démontré que «les équipes mixtes obtenaient de meilleurs résultats».
Le brigadier Mark Rihs a précisé que, face aux cas de harcèlement, l'armée a déjà pris des mesures pour rendre le service plus accueillant.
A ses yeux, l'intérêt de l'alimentation générale des effectifs de l'armée «justifie l'atteinte à la liberté personnelle des Suissesses». Actuellement, 2500 femmes sont intégrées à l'armée, soit environ 2,3% de l'effectif. Et environ 1200 femmes participent de manière volontaire à la journée d'information. «Mais elles doivent trop souvent se justifier lorsqu'elles souhaitent s'informer», a regretté Pfister.
Pas le droit à la solde
L'obligation de suivre la journée d'information sera inscrite dans la Constitution. Le projet modifie également la loi sur l'armée, le code pénal militaire, la loi fédérale sur les systèmes d'information de l'armée et du Département fédéral de la défense et la loi sur la protection de la population et sur la protection civile.
Comme pour les jeunes hommes suisses, la journée d'information ne compte pas comme journée de service. Elle ne donne droit ni à la solde ni à l'allocation pour perte de gain. Les employeurs seront tenus de libérer leur personnel pour cette journée.
Ces modifications seront regroupées sous forme d'acte modificateur unique. Le dossier devrait être transmis au Parlement au printemps 2027. Une votation devrait avoir lieu en 2028. Son entrée en vigueur est prévue pour 2030. Le coût est estimé à 3,3 millions de francs, à charge des cantons. (ats)
