Etes-vous surpris par les résultats de l'étude menée sur le sexisme dans l'armée suisse?
Les résultats nous touchent, mais ils correspondent à la perception de nos membres. Nous sommes en revanche surpris par l'ampleur du phénomène. Le fait que l'armée ait identifié et reconnu le problème est un pas important. Il faut continuer à apprendre et à améliorer la gestion de la diversité, en particulier dans une communauté militaire uniforme.
L'étude a montré que les incidents ne sont souvent pas signalés. Votre association QueerOfficers est également un lien d'accueil pour les personnes victimes de discrimination au service militaire. Quelles sont vos expériences dans ce domaine?
Notre expérience montre que les personnes concernées ne se manifestent pratiquement jamais juste après un incident; soit parce qu'elles règlent les problèmes entre elles, soit parce qu'elles ne veulent pas attirer l'attention.
Nous espérons que l'étude en cours sur la discrimination des personnes homosexuelles dans l'armée suisse, qui dure depuis des décennies, nous apportera d'autres informations sur les militaires queer. Cette étude a été lancée par le Conseil national.
Le chef de l'armée Thomas Süssli a annoncé une série de mesures. Selon vous, celles-ci sont-elles suffisantes pour atteindre le changement de mentalité souhaité au sein de l'armée suisse?
La discrimination et la violence sexuelle doivent pouvoir être reconnues et nommées à tous les niveaux. Si quelque chose se passe, il faut y prêter attention et agir. Et c'est dans cette direction que vont les mesures annoncées.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis des supérieurs de l'armée?
L'étude montre que la discrimination et la violence sexuelle se produisent indépendamment du sexe biologique et social et indépendamment de l'orientation sexuelle de la personne. Il faut donc une approche globale pour un changement de mentalité. Il incombe désormais à la direction de l'armée d'y parvenir à long terme, et nous attendons avec impatience la prochaine évaluation en 2027.
Traduit de l'allemand par Anne Castella