Suisse
Société

Voilà pourquoi il n'y a presque plus de cash dans les banques

Schweizer Franken, Geldnoten, Geld
Les transactions cash sont désormais considérées comme trop chères et risquées par les banques.Image: Shutterstock

Voilà pourquoi il n'y a presque plus de cash dans les banques suisses

De moins en moins de banques proposent le retrait et versement d'espèces dans leurs succursales. Dans de nombreuses agences, les guichets blindés font place à des espaces ouverts et plus informels. Une approche qui s'adapte à la demande et aux nouvelles technologies.
21.08.2025, 05:2821.08.2025, 05:28
Pascal Michel, Florence Vuichard / ch media
Plus de «Suisse»

Ils sont aimables, souvent jeunes, mais rarement en mesure d’aider: les collaborateurs de la Banque cantonale bernoise (BEKB), en plein centre de la capitale, renvoient désormais bon nombre de clients vers les bancomats ou le site internet.

C’est ce qu’a vécu une cliente qui voulait déposer sur son compte épargne le cash reçu du père à Noël. Impossible au guichet: seuls les bancomats acceptent les versements. Faute de carte pour ce compte, elle est repartie des billets plein le porte-monnaie.

Autre cas, avec cette fois-ci un client qui n’arrivait pas à relier Twint à son compte, toujours auprès de la BEKB. Après de multiples codes envoyés par courrier et de longues heures au téléphone, il s’est rendu à la banque, en vain. On l’a renvoyé chez lui, avec la promesse qu’un nouveau code arriverait par la poste.

Pour une autre cliente encore, c'est un «upgrade» fait par erreur par la banque de sa carte de crédit, accompagné de frais supplémentaires, qui l'a poussée à recourir à l'aide d'employés d'agence. Mais ces derniers n’ont rien pu faire: ils l’ont invitée à contacter directement l’émetteur de la carte, dont les coordonnées se trouvent «sur internet».

Une tendance nationale

Ces cas ne sont pas isolés. Les banques suisses vivent une profonde mutation: le guichet, jadis vitrine d’un secteur prestigieux, se défait de ses services. Les transactions en cash, en particulier, disparaissent. Jugées trop compliquées, trop chères et trop risquées.

ubs schalterhalle zürich bahnhofstrasse
Les guichets de banque sont aujourd'hui un facteur de coûts.Image: keystone

Cela se traduit aussi dans l’architecture des agences: fini les guichets aux vitres blindées. Les collaborateurs circulent désormais dans des espaces lounge, agrémentés de plantes et d’écrans plats. Les quelques guichets restants ne traitent presque plus de liquidités.

UBS et Raiffeisen, derniers bastions du cash

Notre enquête révèle l’ampleur du recul. A la BEKB, il n’existe plus aucun «guichet cash classique». Même constat chez PostFinance: dans ses 35 agences, impossible de retirer de l’argent au comptoir. Une porte-parole le confirme:

«Les transactions en espèces ne font plus partie de l’offre»

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) se numérise aussi, tout en soulignant que ses 51 agences peuvent encore, en cas d’urgence, remettre du cash en mains propres.

UBS maintient le service dans «un peu plus de la moitié» de ses 190 sites. Chez Raiffeisen, c’est un tiers des 774 succursales. Mais la coopérative, elle aussi, adopte le «concept de banque de conseil», où l’on renonce aux guichets pour privilégier les espaces de discussion personnalisée. La fréquentation chute en effet: en 2014, 46% des clients Raiffeisen passaient encore au guichet pour retirer ou verser de l’argent. En 2023, ils n’étaient plus que 15%.

Moins de présence, moins de services

Fin 2024, la Suisse comptait encore 2476 agences bancaires, soit un tiers de moins qu’en 2005, selon la Banque nationale et la «Swiss Money Map» de l’Université de Saint-Gall. Mais ce chiffre devrait encore plonger, selon l’économiste Tobias Trütsch, et pas seulement en raison de l’intégration de Credit Suisse dans UBS.

Le recul se joue sur deux niveaux: réduction du nombre d’agences, et allègement des services à l’intérieur même des succursales, surtout en matière de cash. Pour Tobias Trütsch, ce choix s’explique par des questions de coûts et de sécurité, mais aussi par une demande en baisse. Un cercle vicieux:

«Moins il y a d'offre, moins les clients se rendent sur place. Et moins ils se rendent sur place, plus l’offre recule»

Les porte-paroles des établissements insistent sur la simplicité et la disponibilité de l’e-banking ou des bancomats. PostFinance met en avant ses 750 agences postales, où la loi impose les retraits et dépôts d’espèces, sans préciser que leur nombre devrait baisser à 600. Elle rappelle aussi que l’on peut retirer du cash gratuitement à la caisse des Migros, Denner, Spar, Lidl ou Coop Pronto.

Mais du faste d’antan des guichets, il ne reste rien. Et cela ne semble pas chagriner les banques.

Adapté de l'allemand par Tanja Maeder

Vous avez mérité des photos de lapins fluffy:
1 / 13
Vous avez mérité des photos de lapins fluffy:
source: imgur
partager sur Facebookpartager sur X
Ce taureau court au milieu d'une banque et provoque le chaos
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
As-tu quelque chose à nous dire ?
As-tu une remarque pertinente ou as-tu découvert une erreur ? Tu peux volontiers nous transmettre ton message via le formulaire.
0 Commentaires
Votre commentaire
YouTube Link
0 / 600
Trump pourrait faire grimper les primes maladies en Suisse
Le président américain exige de l'Europe qu'elle consacre davantage de fonds aux médicaments. La Confédération en ressent également les effets. Elle se défend et met en garde contre une hausse des primes.
Donald Trump attaque frontalement l'industrie pharmaceutique. Par des menaces de droits de douane massives, il pousse les plus grands fabricants mondiaux de médicaments à déplacer leur production aux Etats-Unis.
L’article