L'Interregio IR16 en direction de Berne quitte la gare Centrale de Zurich samedi à 11h06. Il arrive un quart d'heure plus tard à Baden. Quelques passagers descendent et d'autres montent. Dans les voitures de 2e classe, des gens se tiennent dans les couloirs et près des entrées. A 11h22, le train aurait dû repartir, mais il est resté sur place. Une voix d'homme se fait alors entendre dans les haut-parleurs:
Pourquoi? Les explications suivent immédiatement:
Heureusement, il y a des liaisons alternatives vers Brugg et Aarau. Seuls les passagers dont le voyage se termine à Olten ou à Berne semblent pouvoir rester assis, d'après cette annonce.
Dès lors, les murmures se multiplient et la confusion s'installe: «J'ai un billet et ils me jettent dehors?», s'énerve un passager. Plusieurs personnes ont obéi avec empressement à l'ordre et ont quitté le train, parfois avec de lourdes valises dans les mains. Sur le quai, les personnes discutent et se demandent si leur billet sera remboursé.
Quelques minutes plus tard, le train est toujours à Baden. Une nouvelle annonce se fait entendre et le ton se durcit. «Nous demandons encore une fois à tous les voyageurs à destination de Brugg et Aarau de descendre du train, sinon ce train sera évacué. Dans ce cas, le train sera stoppé et ne repartira pas!»
Stupéfaction. Le train doit-il être évacué? Vont-ils bientôt appeler la police? Une passagère constate qu'il n'y avait pourtant pas autant de personnes que ça dans le train. Selon elle:
Peut-on forcer les passagers à descendre, voire évacuer un train entier, lorsqu'il y a trop de personnes à bord? Contactés, les CFF répondent: «En principe, oui.»
Ils expliquent qu'il existe une règle générale selon laquelle il faut agir lorsque le taux d'occupation est supérieur à 160% (pour le trajet à travers le tunnel de base du Gothard, le taux est de 140%). Autrement, la sécurité n'est pas garantie en cas d'évacuation, car les voies d'évacuation ne seraient pas disponibles.
Le chef d’accompagnement des passagers est celui qui décide des mesures à prendre en cas de surnombre. Si la sécurité n'est pas assurée, le train ne peut plus circuler et il est supprimé.
Selon des témoins sur place, le taux d'occupation de l'Interregio Zurich-Berne n'était, toutefois, pas supérieur à 60%. La personne responsable a probablement évalué la situation de manière trop dramatique.
D'ailleurs, les passagers se rendant à Brugg et Aarau sont descendus avec hésitation, voire pas du tout. Le train a eu 15 minutes de retard.
Lorsque le train s'est remis en route, une nouvelle annonce a suivi. Celle-ci ne provoque plus l'indignation, mais l'hilarité:
Pour justifier la décision de l'agent des CFF, il faut rappeler que l'Interregio 16 était un train de remplacement. Le train régulier avait été supprimé en raison d'une porte en panne.
Selon les CFF, ce genre de situation reste, toutefois, rare. Si les passagers sont évacués, c'est généralement à cause d'un problème de sécurité. «En cas d'urgence, une évacuation rapide doit être possible. Pour cela, il faut que les couloirs du train ne soient pas bloqués par des bagages ou des voyageurs», expliquent-ils.
(Traduit et adapté par Pauline Langel)