Ce jeudi une initiative populaire en faveur de l'inclusion a été déposée à la Chancellerie fédérale, munie de 108 000 signatures. Alors que la Constitution interdit, depuis 2000, toute discrimination fondée sur un handicap, les personnes concernées font encore l’objet de nombreuses discriminations au quotidien, estiment les initiants. L'un des plus manifestes exemples de cette situation se trouve dans les transports.
Pourtant, fin 2023 marquait la fin du délai de mise en œuvre de la loi sur l'égalité pour les personnes handicapées (LHand), 20 ans après son entrée en vigueur en janvier 2004. Le but? Que toutes les gares et arrêts de bus en Suisse soient adaptés pour répondre aux besoins des personnes en situation de handicap, dans la mesure où ces adaptations étaient jugées proportionnées.
Cependant, la mise en œuvre a été laborieuse dès le départ, poussant l'Office fédéral des transports (OFT) à lancer, en 2017, le «Programme de mise en œuvre LHand». Ce dernier visait à soutenir les entreprises de transport dans l’accomplissement de leurs obligations légales. Mais même après l'expiration du délai légal, de nombreuses stations de transport public restent inaccessibles aux personnes handicapées.
En effet, selon le septième rapport de mise en œuvre de l'OFT, à la fin juin, 576 des 1809 gares n’étaient toujours pas utilisables de manière autonome par les personnes à mobilité réduite. Des adaptations ont été réalisées sur 1089 gares jusqu’à la fin de l’année dernière, soit 97 de plus qu’à la fin 2022. Notons que grâce à la priorité donnée aux grandes gares, 80% des passagers pouvaient voyager spontanément à la fin de l’année dernière.
A noter encore que pour environ 160 gares, une adaptation structurelle est jugée disproportionnée, notamment en raison de la faible fréquentation par rapport aux coûts, et parce qu'aucun besoin particulier n’a été identifié pour les personnes en situation de handicap. Notons que si l'accès n'est pas facilité, les compagnies de transport sont cependant tenues de fournir une assistance via leur personnel, si nécessaire.
Parmi les 576 gares qui doivent encore être adaptées, les retards varient considérablement. Quarante-deux d'entre-elles seront accessibles d'ici à la fin de cette année, mais pour certaines, cela prendra encore de nombreuses années avant une mise en conformité complète. Ainsi, 187 gares ne seront accessibles qu’après 2030. La plus en retard sera celle de Saint Peter-Molinis, sur la ligne entre Coire et Arosa, qui ne sera utilisable, en toute autonomie, par tous, qu’à la fin de 2037.
Plusieurs raisons expliquent pourquoi certaines gares ne sont pas encore accessibles. A Jona (SG) ou Wetzikon (ZH), par exemple, les rampes ne répondent toujours pas aux normes légales. A Aarau (AG), tous les accès ne sont pas encore adaptés, tandis qu’à Zoug (ZG) et Olten (SO), un fauteuil roulant des CFF est nécessaire pour monter ou descendre du train. A Burgdorf (BE) et Berne (BE), seuls certains quais sont accessibles.