La Suisse bascule (péniblement) dans le numérique
Avec l'introduction prochaine de la carte d'identité numérique e-ID, acceptée ce dimanche par une très courte majorité populaire et un dépouillement qui s'est éternisé, la Suisse permet à ses citoyens de justifier leur identité numériquement. Cet outil, développé de manière rigoureuse, coche toutes les cases de la sécurité informatique, nous assurent ses créateurs et la Confédération. Le futur confirmera ou non son efficacité en la matière.
Loi sur l’e-ID
Dépouillés: 26/26 | Etat: Résultats
50,4% oui
49,6% non
7,5 cantons
15,5 cantons

Gemeinde
L'e-ID pourra être utilisée comme alternative à la présentation de la carte d'identité physique et pour commander des documents officiels en ligne. Si cela est un succès, on peut s'autoriser à imaginer une utilisation, à terme, pour s'identifier en ligne sur différents sites ou plates-formes.
Si c'était le cas, ce serait une excellente nouvelle. Alors que le web et les réseaux sociaux ont pris une place primordiale dans nos vies en une petite trentaine d'années, la sécurité informatique personnelle n'a, en parallèle, pas suivi. Nous nous connectons bien trop souvent à nos services favoris avec notre identifiants Google, Facebook ou Apple, vendant par là nos données à ces grands groupes.
L'ère des «aînés dépassés» est terminée
Combien de temps la méthode visant à séparer hermétiquement le monde réel et le monde digital pour protéger ses données, préconisée par Jean-Luc Addor, sera-t-elle encore plébiscitée par de nombreux Suisses?
Un autre argument souvent entendu commence à avoir du plomb dans l'aile: celui des personnes âgées qui seraient dépassées. Car les aînés de 2025 ne sont plus ceux de 1995. A l'époque, beaucoup n'avaient jamais mis les mains sur un clavier d'ordinateur. Les personnes de 65 ans qui partent à la retraite cette année possèdent toutes un smartphone. Même les doyens ont vécu l'arrivée de l'informatique durant leurs dernières années de travail.
Bref. Le numérique étant désormais une composante connue, sinon familière, dans toutes les strates de la société, il est plus dommageable d'empêcher la transition saine vers un écosystème sécurisé que de vouloir cantonner le numérique à une affaire de gadgets. Cette mentalité appartient de plus en plus au passé.
Ne pas oublier les craintes des opposants
Il n'empêche, l’opposition plus forte que prévue au projet montre que les arguments des opposants ne doivent pas être oubliés. Tout comme l'arrivée des voitures a mené à de nombreux morts sur la route, l'introduction d'une identité numérique mènera forcément à quelques fuites et abus. Il s'agira de les empêcher, de renforcer à chaque moment les outils de protection de nos données et de chasser et juger les criminels qui voudront en faire leur gagne-pain.
Aussi, la Suisse n'a pas oublié «l'affaire des fiches» et l’ombre d’un pouvoir disproportionné de l’Etat. La place informatique helvétique a durant longtemps tout fait pour éviter les dérives d'une surveillance de masse. Cela doit continuer. Une e-ID sans un cadre légal et pratique sécurisé serait en effet dangereuse.