Nous sommes un soir de décembre 2021 à Coire, dans les Grisons. Selon le récit de la victime, une stagiaire âgée de 24 ans à l'époque des faits, un juge se jette sur elle, lui bloque la route et la viole dans son bureau. Ce mardi 12 novembre, le tribunal régional de Plessur a reconnu l'accusé «coupable de viol, de harcèlement sexuel multiple et de menaces multiples». Il aurait également envoyé des menaces anonymes écrites à sa victime et à son compagnon durant l'enquête pénale.
Seulement voilà: malgré la gravité de ses actes, l'ancien juge n'écope que d'une peine pécuniaire avec sursis de 5400 francs, d'une amende de 2300 francs et d'une peine de prison de 23 mois avec sursis.
Avec sursis.
Vous l'aurez compris: il ne passera pas par la case prison à condition, je cite, «qu'il ne menace pas, ne harcèle pas ou ne viole pas à nouveau dans les deux prochaines années».
Comment peut-on condamner un homme pour viol tout en le laissant en liberté? S'il est capable de violer une femme, de la harceler sexuellement et de la menacer à de multiples reprises, peut-on vraiment s'assurer qu'il ne recommencera pas? Sommes-nous réellement en sécurité dans notre pays lorsqu'on sait qu'un violeur se balade dans la rue?
Rappelons qu'en Suisse, certains passent par la case prison parce qu'ils n'ont pas les moyens de payer une simple amende.
En 2024, les droits, l'égalité et le respect des femmes semblent des plus précaires. Rappelons qu'un homme accusé d'agressions sexuelles vient d'être élu à la tête de la plus grande puissance mondiale. Comme si cela n'avait aucune importance.
Le procès historique des viols de Mazan devrait nous servir d'exemple. Il prouve que des hommes capables de tels actes sont de véritables dangers publics. Pourquoi ces témoignages terrifiants ne suffisent-ils pas à nous alerter? A comprendre que ne pas infliger une peine suffisamment sévère à de tels individus représente un risque pour notre société?
Quelle valeur donne-t-on aux victimes? Quel message est envoyé, à elles et à toutes les autres, lorsqu'en plein procès pour viol, un juge suisse ose demander:
Vous êtes consternés? Moi aussi.