Lundi matin, en face du manoir du Lohn, des dizaines d'activistes tibétains ont protesté contre la visite du Premier ministre chinois. C'est là que la présidente de la Confédération Viola Amherd a reçu Li Qiang pour une visite officielle.
Le contraste avec l'autre invité de marque d'Amherd, Volodymyr Zelensky, n'aurait pas pu être plus grand. Alors que le président de ce pays ravagé par la guerre cherche à attirer l'attention publique en Occident, il ne reste de la visite de Li Qiang que quelques images et un communiqué de presse, mais sans grand contenu.
Il n'y a pas d'apparition publique, comme c'est l'usage pour un invité aussi prestigieux. Interrogé à ce sujet, le Département de la défense (DDPS) répond qu'il est «d'usage que l'hôte et le visiteur se mettent d'accord sur un programme en amont d'une visite officielle. C'est ce qui s'est passé dans ce cas également.»
En d'autres termes:
Ainsi, selon le communiqué, les deux parties ont apprécié le fait que «des contacts aient à nouveau lieu au plus haut niveau» un an avant le 75e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays.
Les relations bilatérales se sont nettement refroidies ces dernières années. La Chine n'a pas pardonné à la Suisse d'avoir critiqué l'oppression de la minorité musulmane des Ouïghours. Et le Conseil fédéral insiste, depuis des années, pour que l'accord de libre-échange soit renouvelé. Lundi, les deux parties ont signé une déclaration sur le développement de l'accord. Selon le communiqué, il s'agit d'une étape importante pour l'ouverture d'éventuelles négociations.
Lorsqu'il s'agit de visites d'Etat, le manque de compréhension pour la liberté d'expression se fait également sentir. Cela n'a jamais été aussi évident lorsque le président chinois Jiang Zemin avait été accueilli par des sifflets et des drapeaux tibétains devant le Palais fédéral lors de sa visite à Berne en 1999. Zemin, furieux, avait alors déclaré à la présidente de la Confédération de l'époque Ruth Dreifuss qu'il avait «perdu un bon ami».
Cet incident résonne encore aujourd'hui. Les autorités suisses ne laissent plus rien passer lorsque les puissants dirigeants d'Extrême-Orient leur rendent visite. Lundi encore, la police cantonale bernoise a interpellé tous les activistes tibétains devant le manoir du Lohn et les a renvoyés un par un.
Il n'en a pas été autrement lors de la visite de Xi Jinping en 2017. Les autorités avaient scellé la zone autour du Palais fédéral afin de le préserver de toute critique désagréable. La police était allée jusqu'à sonner aux portes des appartements sur le trajet du convoi chinois et avait demandé à ce que les drapeaux tibétains soient décrochés des fenêtres.
Jinping n'avait pas non plus autorisé les journalistes à lui poser des questions. La présidente de la Confédération Doris Leuthard s'était tout de même présentée aux journalistes dans une pièce voisine. Elle avait fait preuve de compréhension à l'égard de Jinping. «Je n'aime pas non plus être provoquée», avait-elle déclaré selon le NZZ.
traduit de l'allemand par Anne Castella