Sortir de la crise en une semaine? Une «illusion» pour Alain Berset
Dans les milieux économiques suisses, la stratégie sanitaire du Conseil fédéral passe mal. Face à sa prudente approche, certaines organisations patronales prônent la réouverture immédiate. L'Union suisse des arts et métiers (Usam), particulièrement critique, en fait partie. Elle a proposé vendredi son plan de sortie de crise, qu'elle oppose à celui du gouvernement, défini «hésitant et dépourvu de concept».
La stratégie de l'Usam, développée par l'entrepreneur et médecin thurgovien Thomas Krech, permettrait de faire sortir la Suisse du confinement en une semaine. Comment? En testant toute la population. Ça se déroulerait en cinq étapes:
- Deux échantillons de tests à faire soi-même, actuellement pas autorisés en Suisse, sont envoyés à chaque citoyen;
- Les résultats, qui tombent après 15 minutes, sont inscrits dans le système numérique commun de gestion de la pandémie;
- Si le résultat est positif, le citoyen se place en isolement ou en quarantaine, et fait un test PCR;
- Après environ cinq jours, il faut faire le deuxième test. Cela permettrait d'identifier toutes les personnes infectées et de les isoler;
- Voilà! Il ne reste qu'à tout rouvrir. L'Usam précise que ce dépistage ne serait pas obligatoire.
«Une illusion»
Quel est l'avis des autorités? La réponse du gouvernement n'a pas tardé. Interrogé à ce sujet pendant l'après-midi, le conseiller fédéral et ministre de la santé Alain Berset a répondu ainsi:
«S'il existait une solution aussi simple, on l'aurait déjà mise en place», a-t-il ajouté. «Penser que l'on peut claquer des doigts et dire qu'en une semaine, le problème est réglé, c'est vraiment une illusion. Il faut être attentif, parce qu'on a réussi à obtenir une assez bonne situation maintenant. Il s'agit de ne pas trop faire d'expérimentations douteuses pour perdre le contrôle».
Patrick Mathys, chef de la section Gestion de crise et collaboration internationale de l'OFSP, enfonce le clou: «ce serait illusoire de croire que tester toute la population permettrait de détecter tous les porteurs du virus. Les tests réalisés soi-même ne sont pas fiables à 100%. De plus, la Suisse n'est pas une île, on va toujours être confrontés à des importations». (asi)
