Ammar bin Abdulwahed Faleh Al Khudairy est en mauvaise posture dans son pays, l'Arabie saoudite. Lundi, cet homme d'affaires respecté et fondateur de nombreux groupes d'entreprises dans cette monarchie riche en pétrole a annoncé sa démission en tant que président de la Saudi National Bank (SNB). Cette démission est due à des «raisons personnelles», selon un communiqué diffusé par la banque.
La communication ne laisse guère de doute sur le fait qu'Al Khudairy n'a pas pris cette décision de son plein gré. «Les changements brusques de personnel aux plus hauts niveaux hiérarchiques sont très inhabituels dans la culture de l'Arabie saoudite et dans d'autres pays de la région du Golfe», explique Mounir Khouzami, président et cofondateur de l'association «Swiss Arab Network».
Le président de la SNB, manifestement viré sur ordre des plus hautes instances, a provoqué la colère du gouvernement. Selon Mounir Khouzami, ce licenciement pourrait faire suite à l'interview malheureuse de Al Khudairy sur Credit Suisse mi-mars.
A la question d'une journaliste de savoir si la Saudi National Bank était ouverte à investir encore de l'argent dans Credit Suisse, Al Khudairy a répondu:
Après ce refus, les actions du Crédit Suisse ont dégringolé de 25% en bourse, entraînant dans leur chute de nombreuses actions de grandes banques européennes. Cinq jours plus tard, la reprise forcée par l'UBS a eu lieu.
En novembre 2022, la Saudi National Bank avait investi 1,18 milliard de francs dans des actions Credit Suisse et était ainsi devenue le plus grand actionnaire de CS avec une part de 9,9%.
Suite au rachat forcé de Credit Suisse, il y a une dizaine de jours, la valeur de la participation saoudienne ne vaut plus que 234 millions de francs. Près d'un milliard se sont donc évaporés.
Mounir Khouzami, du Swiss Arab Network, pense que l'interview d'Al Khudairy, lourde de conséquences, a été considérée dans les cercles gouvernementaux saoudiens comme nuisible à la réputation de son propre pays.
Le prince héritier Mohammed bin Salman poursuit de grands objectifs de développement pour son pays. Il veut stimuler le tourisme et diversifier l'économie. Il souhaite également impliquer le secteur bancaire local dans ces projets.
Derrière la colère face à leur propre échec, les Saoudiens ont sans doute aussi ressenti une grande désillusion à l'égard de la Suisse et de ses banques, qui jouissaient jusqu'à présent d'un grand prestige dans la région du Golfe. Même si la crise ne s'étend plus à d'autres grandes banques, elle ne devrait pas rester sans conséquences pour les autres banques suisses, estime Khouzami qui a lui-même été banquier pendant de longues années.