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Droits de douane: la Suisse s'est fait «humilier» par Trump

Une vue du site internet "The White House" avec les droits de douane devant un ecran de television montrant la chaine CNN le vendredi 1 aout 2025 a Lausanne. Les Etats-Unis imposent  ...
Avec 39 %, la Suisse s’est vu imposer l’un des taux les plus élevés de l'Occident de droits de douane.Image: KEYSTONE

Aux yeux du monde, la Suisse s'est fait «humilier» par Trump

La Suisse est l'un des pays au monde les plus durement touchés par les nouvelles taxes de Trump. Des experts économiques internationaux évoquent «une nouvelle ère commerciale».
07.08.2025, 14:5607.08.2025, 14:56
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Depuis ce jeudi, à 6h01, les droits de douane punitifs envers la Suisse sont entrés en vigueur. Comme le rapporte Bloomberg, avec 39% de surtaxe, la Suisse est la nation qui a été la plus pénalisée parmi les pays industrialisés. Une décision qui a surpris, car Berne semblait mener des négociations jugées prometteuses.

Mais Donald Trump s'est dit agacé de l’excédent commercial de 40 milliards de dollars entre la Suisse et les Etats-Unis.

«Le problème, auquel a été confrontée la présidente de la Confédération, également ministre des Finances, lors de sa visite à Washington, est que toute concession serait politiquement difficile à faire accepter à l’intérieur du pays sans réellement réduire le déficit commercial»
Bloomberg

«Une humiliation devant le monde entier»

«Un pays s’est trompé dans ses calculs», titre Der Spiegel. En mai dernier, lors de l’Eurovision, la Suisse plaisantait encore sur ses exportations avec la chanson Made in Switzerland. Aujourd’hui, les sourires se sont figés. Le journaliste du Spiegel, lui-même originaire de Suisse, parle carrément d’«une humiliation devant le monde entier».

Spiegel Presseschau Strafzölle Trump
Image: Spiegel.de

Dans l’article, l'excès de confiance de la Suisse revient à plusieurs reprises. Un pays de neuf millions d’habitants, qui prospère hors de l’Union européenne et s’en tient éloigné, croyait dur comme fer qu’il obtiendrait de meilleures conditions que Bruxelles face au président américain.

La critique est vive, et on n’hésite pas à recourir aux clichés. Souvent appelée KKS en Suisse, la ministre des Finances Karin Keller-Sutter est «quasiment inconnue à l’étranger». Elle s'est envolée pour Washington depuis l’aéroport de Berne-Belp, provincial et «entouré de champs». Quant à Guy Parmelin, ministre de l’Economie, il n’aurait pas laissé une meilleure impression.

«Fait également partie du voyage, le ministre de l’Economie, Guy Parmelin. Un vigneron du canton de Vaud, francophone, connu pour sa phrase “I can English understand” lors de son élection au gouvernement.»
Der Spiegel

Un bourbon quotidien n’y changera rien

Le Wall Street Journal parle d’«une gifle en plein visage». Dirigeants économiques et responsables politiques tentent de comprendre pourquoi la «relation historiquement stable avec Washington s’est soudainement rompue». Directeur de la Chambre de commerce suisse-américaine, Rahul Sahgal souligne à quel point ces droits de douane paraissent absurdes.

«Même si les Suisses buvaient du bourbon tous les jours et achetaient une Harley-Davidson, cela ne changerait rien au déficit commercial»

Un exemple emblématique de l’imprévisibilité de Trump

Pour le magazine Forbes, la Suisse incarne parfaitement l’insécurité générée par la politique commerciale de Trump. Le fort déficit commercial entre les deux pays expliquerait pourquoi la Suisse s’est retrouvée dans le collimateur américain. Mais un facteur aggrave encore la situation, selon le magazine.

«Qu’est-ce qui rend le commerce entre la Suisse et les Etats-Unis aussi emblématique? Ce qui est échangé: de l’or.»

En période d’incertitude, la valeur de l’or grimpe. Rien que l’an dernier, son prix a augmenté de 40%, en partie à cause de décisions prises par Donald Trump. Résultat, un déficit commercial encore plus important entre la Suisse et les Etats-Unis, ce qui aurait renforcé la volonté du président d’imposer des sanctions.

«Une nouvelle ère commericale»

The Economist, lui, voit également dans l’or la véritable cause des surtaxes. Il qualifie d'absurde le fait que le métal précieux soit justement exclu des sanctions. Dans une vidéo, la journaliste économique Rachana Shanbhogue explique:

«Ce qui a scellé le sort de la Suisse, c’est qu’elle exporte bien plus de marchandises vers les Etats-Unis qu’elle n’en importe.»

Trump, selon elle, assimilerait de façon étrange un déficit commercial à un vol d’argent. Or, la Suisse, qui impose déjà très peu de droits de douane aux produits américains, a une faible marge de manœuvre pour négocier. «Bienvenue dans une nouvelle ère commerciale», écrit The Economist.

Même tonalité dans le Financial Times, qui parle lui aussi d’un véritable tournant, et de la fin d’un ordre commercial ancien.

«Nous vivons une nouvelle époque. Même pour les experts du commerce, la complexité actuelle est tout simplement folle»
Un économiste cité par le FT.

La Suisse n’a pas encore abandonné tout espoir. Jeudi, le Conseil fédéral s’est réuni en séance de crise. Karin Keller-Sutter avait déjà annoncé la semaine précédente que les négociations avec les Etats-Unis se poursuivraient, même après l’entrée en vigueur des droits de douane de 39%.

Traduire de l'allemande par Joel Espi

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