Après trois ans de développement, Nespresso vient de sortir ses capsules compostables à base de pâte de papier. Disponibles en boutiques pour le moment (elles rejoindront le e-shop en octobre), elles complètent l'assortiment de dosettes en aluminium, soit les classiques et les Vertuo, que l'Europe pourrait, à terme, décider d'interdire. Un nouveau produit plus green, alors que Migros a lancé en grande pompe il y a un peu moins d'un an sa gamme CoffeeB, des capsules entièrement biodégradables.
Les capsules Nespresso à base de papier sont compostables... mais pas encore partout: pour le moment, en Suisse, seul le canton de Genève autorise ses habitants à les jeter dans le système public de gestion des biodéchets, appelé «La P'tite Poubelle Verte».
L'enseigne assure être en négociations pour que le reste du pays suive le mouvement. Pour l'heure, l'entreprise invite ses clients ne disposant pas de composteur domestique à rapporter ces nouvelles capsules usagées dans les points de vente.
Côté marketing, la firme de Nestlé n'y est pas allée avec le dos de la touillette. Pour annoncer cette petite révolution, qui compte pour l'heure cinq nouveaux cafés, c'est George Clooney, ambassadeur historique de la marque, qui s'y colle, accompagnés de Camille Cottin et de Jean Dujardin.
Souvent critiqué pour son utilisation de l'aluminium, Nespresso teste donc d'autres alternatives. Mais avec ces nouvelles dosettes conçues à base de pâte de papier, fabriquées à Orbe, une question peut tarauder les coffeecionados: qu'en est-il du goût du café? Alors que CoffeeB a été une déception gustative plus amère qu'un ristretto, je crains un peu ce crash test.
Avec une moyenne de sept ou huit expressos par jour (je sais ce que vous vous dites, mais non, je n'ai pas la tremblote, merci bien), on peut parler de coffee addict. À 19 ans, ma première machine Nespresso trônait sur ma table de chevet (aussi parce que mon appart était minuscule). Aujourd'hui, elle siège à la cuisine et travaille à un rythme soutenu. La boîte à lait, dans laquelle on glisse le sac de capsules en alu usagées pour la poste en vue de leur recyclage, sent fort le café. Mais la possibilité de jeter des dosettes simplement dans le compost chatouille ma fibre de bobo écolo à temps partiel. J'ai donc de trèèès grandes attentes.
Direction la boutique Nespresso au Flon, à Lausanne. Un conseiller me propose de goûter. Comme je consomme habituellement les capsules noires (les Ristretto), la dégustation commence par le Sicilia, le plus fort, celui qui se rapproche le plus de mes préférences. Ce conseiller, véritable puits de savoir sur le café, appuie sur le bouton, et... c'est de l'eau claire qui sort de la machine. «C'est normal», me dit-il en souriant devant mon air outré. Ces gouttes d'eau n'auront pas d'incidence sur le goût.
Première impression, la texture du café est plus liquide, l'espèce de mousse est moins épaisse. Mais ce Sicilia est... bon. Assez bon, même si, pour mon palais, il manque le petit kick d'acidité qui vient après l'amertume, cette particularité qui me plaît tant dans le Ristretto. Question d'habitude (ou d'excès): il doit y avoir plus de Ristretto que de sang dans mes veines. Mais il est bon. Sicilia validé.
Le conseiller me fait ensuite goûter les autres variétés: Emilia, Aosta et Peru Organic. Censé apporter des notes de caramel et de céréales, je trouve l'Emilia un peu plat, linéaire. Il lui manque un «deuxième effet Kiss Cool». L'Aosta et le Peru Organic sont tous deux trop doux pour moi, trop ronds, un brin écœurants, mais ils ont le mérite d'apporter une légère pointe d'acidité dans un deuxième temps. Un mélange des qualités du Sicilia et de l'Aosta serait l'idéal.
Pour l'heure, même si rien ne peut complètement remplacer le Ristretto dans mon cœur et mes veines, cette gamme est une belle surprise. Gustativement parlant, elle tient ses promesses.
Pour les coffeecionados qui n'ont pas le temps d'organiser chaque matin une cérémonie éthiopienne du café dans leur cuisine, ou qui n'ont pas les moyens d'avoir une machine plus chère et plus grande qu'une voiture, Nespresso est un bon compromis. Sauf que, transition écologique oblige, la firme doit composer avec de nouveaux impératifs, qui nécessitent encore des ajustements.
Ainsi, la capsule en papier reste plus facilement coincée dans la machine. Une fois le sachet de dix capsules entamé, il est préférable de le refermer hermétiquement entre chaque café et de le consommer dans les quatre semaines, alors que le goût des dosettes en alu, si elles ne sont pas déformées, ne bouge pas d'un iota, même des années après la date limite.
Par ailleurs, l'intérieur du sachet en papier kraft... est tapissé de plastique, et doit être jeté à la poubelle. Dommage, mais «impossible de garantir la qualité du goût du café s'il est exposé à des variations de températures ou de taux d'humidité», m'explique le conseiller. Et pour rappel, seuls les Genevois peuvent jeter ces capsules au compost public. Pour le moment.
Malgré ces quelques contraintes largement surmontables, cette gamme est prometteuse. Pas parfaite, certes, mais elle a le mérite d'apporter une alternative à l'aluminium pour les consommateurs qui veulent faire un effort green, sans transiger sur le goût de leur café.