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Economie

Voici à quel point la «malédiction de Tantale» frappe les Suisses

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La précarité se transmet-elle entre les générations? Un institut lucernois s'est penché sur la question.Image: keystone

Y a-t-il des «dynasties de l'aide sociale en Suisse»? Voici la réponse

Les parents qui dépendent de l'aide sociale voient souvent leur descendance en dépendre à leur tour. Une étude montre à quel point ce schéma est répandu en Suisse.
30.10.2025, 12:0130.10.2025, 12:01
Francesco Benini / ch media

Tantale a outragé les dieux. Ce personnage de la mythologie grecque a ensuite été sévèrement puni, en témoignent les fameux tourments de Tantale. Les dieux maudirent aussi sa famille, et chaque descendant tua un parent. Ce fut le déclenchement d'une véritable spirale de violence.

En sciences sociales, la «malédiction de Tantale» désigne le phénomène selon lequel la progéniture de ménages dépendants de l'aide sociale à long terme n'en sort jamais. Elle aussi aura toujours besoin de l'Etat.

L'Institut de politique économique suisse de l'Université de Lucerne a analysé la situation dans le pays. «Bénéficiaire un jour, bénéficiaire toujours»; la maxime se vérifie-t-elle?

Entre cousins pas comme entre frères et sœurs

Pour répondre à cette question, Tamara Erhardt, Christoph Schaltegger et l'économiste Melanie Häner-Müller se sont intéressés à la tranche d'âge des 20-33 ans, car elle représente les jeunes qui entament leur vie active. Les auteurs ont comparé d'une part les frères et sœurs, et d'autre part les cousins.

Pourquoi les cousins? Car ils partagent les mêmes grands-parents, mais pas les mêmes parents. Un lien familial existe donc, mais il est moins fort qu'entre frères et sœurs.

En Suisse, 4% des 20-33 ans perçoivent des prestations sociales. Un chiffre légèrement supérieur à la moyenne de toutes les tranches d'âge. L'étude de l'institut révèle également que les personnes dont les parents ou les frères et sœurs reçoivent une aide ont environ 22% de chances supplémentaires d'y recourir elles-mêmes.

Au sein de la parenté proche, on reste donc longtemps dépendants. Il en va différemment lorsqu'on compare entre cousins: les personnes avec cousin à l'aide sociale ont seulement 4% de chances en plus d'y faire appel à leur tour.

Une influence qui s'amenuise rapidement

Le taux de transmission corrobore ce constat. Il n'atteint que 20% entre grands-parents et petits-enfants, contre 42% entre parents et enfants. Melanie Häner-Müller est affirmative:

«Il n'y a pas de dynasties de l'aide sociale en Suisse»

Personne n'y est condamné. L'influence familiale ne se transmet pas de génération en génération, mais s'estompe rapidement.

La perméabilité du système éducatif helvétique y contribue largement. On peut parfaitement commencer par un apprentissage, puis poursuivre ses études dans une haute école spécialisée ou une université. La possibilité d'acquérir des qualifications professionnelles supérieures existe à tout moment.

Difficile de comparer la Suisse aux autres pays

Häner-Müller mentionne deux autres catégories qu'elle a comparées à l'aune de la dépendance à l'assistance publique: le niveau de formation et le montant du revenu. Dans ses travaux, elle montre que l'influence de la parenté demeure la plus forte, suivie de leur influence sur le niveau de formation. En revanche, c'est dans la classe de revenu que l'on observe les plus grandes différences entre parents et enfants. En Suisse, il est tout à fait possible d'obtenir un revenu élevé indépendamment du milieu familial.

Cela témoigne d'une grande perméabilité sociale: on gravit les échelons, mais on les redescend aussi. Performances et engagement pèsent généralement plus lourd que les liens du sang.

En matière d'aide sociale, la famille a plus d'influence que pour le revenu, mais seulement à court terme, c'est-à-dire entre deux générations consécutives. Si l'on regarde plus loin, l'impact baisse aussi rapidement que pour le salaire. La malédiction de Tantale semble s'être envolée.

Alors, comment la Suisse se positionne-t-elle face au reste du monde? Häner-Müller souligne la quasi-absence d'étude sur plus de deux générations, ce qui complique toute conclusion fiable. Des données américaines montrent que le recours à l'aide sociale se transmet bien souvent au sein de l'archétype de la famille nucléaire. Il n'en va pas différemment en Suisse. Cependant, dès la troisième génération, la «malédiction» s'estompe considérablement dans notre pays.

(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)

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