La fin du magasin suisse de jouets Franz Carl Weber se dessine lentement. L'entreprise a été rachetée l'an dernier par les drogueries allemandes Müller. Depuis, des sites comme ceux de Bâle, Lucerne et Berne sont devenus des filiales Müller. D'autres, comme ceux de Lausanne ou de Bienne, ont été fermés.
Selon le site de Müller, il ne reste plus que 13 des 23 magasins Franz Carl Weber recensés en 2023 - et le démantèlement se poursuit. Désormais, même la maison mère est menacée. Les jours du célèbre magasin de la Bahnhofplatz de Zurich sont en effet comptés, comme le révèle une demande de permis de construire publiée en décembre.
C'est la fin de 143 ans d'histoire. En 1881, l'émigré allemand Franz Philipp Karl Friedrich Weber inaugurait son premier magasin à la Bahnhofstrasse. L'entreprise, qui a compté jusqu'à 50 filiales dans tout le pays, est restée au sein de la famille jusqu'en 1984, avant sa vente à Denner puis, en 2006, au groupe français Ludendo. Il a fait faillite en 2016. Simba Dickie, Dobler et l'ancien CEO Yves Burger - qui a quitté l'entreprise en 2019 - ont alors repris le flambeau.
Dans sa demande de permis de construire, la succursale argovienne de Müller parle d'une «transformation de la filiale Franz Carl Weber existante en filiale Müller». Le futur point de vente proposera un assortiment de «droguerie, parfumerie, papeterie, jouets, multimédia, magasin naturel avec aliments bio préemballés, articles ménagers, chaussettes et collants, travaux manuels, animalerie». Les jouets sont donc de moins en moins importants.
Le service de presse du géant de la droguerie ne donne aucun détail à propos de ce réaménagement. Il ne communique pas non plus sur l'avenir des quelques magasins Franz Carl Weber restants. Cette réaction n'est pas surprenante: lors d'une précédente demande concernant sa stratégie en Suisse, la société avait déjà refusé de fournir de réponses pour exactement la même raison.
Bien que l'ex-propriétaire Marcel Dobler ait souligné l'année dernière dans un entretien avec CH Media que la marque perdurerait, elle disparaît donc peu à peu des centres-villes. Dobler, qui voulait s'engager dans le conseil d'administration, l'a quitté après quelques mois seulement. Peu après la reprise, les nouveaux propriétaires ont également mis fin à la boutique en ligne et placé des affiches dans les points de vente pour attirer l'attention sur les changements à venir.
Müller fait partie de l'empire du fondateur et milliardaire Erwin Müller, aujourd'hui âgé de 92 ans. La chaîne a réalisé un chiffre d'affaires net de 4,6 milliards d'euros au cours de l'exercice 2022/2023 grâce à ses quelque 35 000 collaborateurs. Müller exploite actuellement environ 940 sites dans huit pays européens.
Dès le changement de mains, la branche spéculait sur la stratégie d'expansion du distributeur. Certains soulignent que ce qu'y intéresse vraiment Müller, ce sont les bons emplacements en centre-ville. Ceux-ci sont très prisés en Suisse et on en trouve, en comparaison, rarement sur le marché.
Müller a effectivement accéléré la cadence en Suisse: alors qu'il comptait 69 magasins fin 2022, il était déjà passé à 91 début novembre de cette année. Une croissance possible grâce à la transformation de magasins de jouets existants, mais aussi grâce à des ouvertures.
Müller reste la troisième chaîne en Allemagne, derrière DM et Rossmann. Ce dernier veut également s'attaquer au marché suisse et s'est installé depuis début décembre dans le canton de Lucerne. Rossmann entend exploiter plus de 150 filiales en Suisse à moyen terme. L'entreprise recherche actuellement des surfaces dans les villes, mais aussi dans «les zones de campagne ou les régions rurales avec une zone de chalandise importante».
DM n'envisage pour l'instant pas de s'implanter en Suisse. Le groupe l'a confirmé il y a quelques semaines à plusieurs médias. Depuis le mois d'août, on trouve cependant quelques dizaines de produits de sa marque Balea chez Manor.
(Traduit et adapté par Valentine Zenker)