Un deuxième Valaisan béatifié par l’Église à Barcelone
Trente-deux ans après Maurice Tornay, François-Benjamin May (1870-1909) est devenu samedi le deuxième bienheureux valaisan reconnu par l'Eglise catholique. La cérémonie de béatification s'est tenue à Barcelone, ville où il a été assassiné en 1909.
La béatification a eu lieu dans l'église du couvent de Saint-François-de-Sales, à proximité de la Sagrada Familia. Une relique de frère Lycarion - son nom au sein de la congrégation des maristes - y a été bénie. Elle est composée d'écrits de sa main retrouvés il y a trois semaines à Champsec, son village natal dans le Val de Bagnes. Un chant dédié au frère a aussi été interprété pour l'occasion.
La cérémonie a été présidée par le cardinal Marcello Semeraro, représentant officiel du pape Léon XIV et plus haute autorité dans les processus de béatifications et canonisations de l'Eglise catholique. Le cardinal Juan José Omella, archevêque de Barcelone, a co-célébré l'événement.
Le Val de Bagnes fait le déplacement
Une délégation d'une dizaine de personnes du Val de Bagnes s'est rendue en Catalogne, formée de membres de la parenté du béatifié, de religieux et d'élus. Parmi eux, se trouvaient le chanoine Hugues de La Boussinière, vicaire de la paroisse de Bagnes et de l'Entremont, le préfet du district d'Entremont Alain Maret ou encore le président de la commune de Val de Bagnes, Fabien Sauthier. Le consul général suisse à Barcelone, Othmar Hardegger, a aussi participé à l'événement.
Odile Carron (91 ans), l'épouse de l'arrière-petit-neveu de François-Benjamin May, et Mireille Maret, la petite-fille d'un ami de jeunesse du frère, étaient aussi de la partie. Un voyage particulier pour les deux femmes, en possession d'une trentaine d'écrits de frère Lycarion, dont certains ont été utilisés pour créer la relique qui a été béatifiée.
«C'était quelque chose d'unique. Ils étaient contents d'avoir une délégation de Suisse, mais c'était une évidence pour nous d'être à la messe. Il y avait une grande ferveur», a déclaré Fabien Sauthier, contacté par Keystone-ATS.
Il a été victime d'un soulèvement
C'est en 1889, à l'âge de 19 ans, que François-Benjamin May quitte le Val de Bagnes pour s'expatrier en Espagne, où il se dédiera à l'enseignement durant vingt ans. Il est membre de la congrégation des frères maristes, dont la mission est centrée sur l'éducation chrétienne des jeunes, en particulier des plus démunis. Il fonde notamment deux écoles.
Le 26 juillet 1909, une émeute ayant pour cadre la guerre du Maroc s'étend dans tout Barcelone. Des bandes violentes, considérant l'Eglise catholique comme une alliée du roi Alphonse XIII, boutent le feu à des établissements religieux et à des lieux de culte. Le lendemain, François-Benjamin May est invité avec ses frères à sortir du couvent par un émeutier qui prétend vouloir les protéger. Piégé, il tombe sous les balles.
«Une reconnaissance officielle»
«Cette béatification est la reconnaissance officielle d'une vie entièrement donnée à Dieu, consacrée à l'éducation comme acte d'amour et de transformation sociale», a relevé la communauté des frères maristes, interrogée par Keystone-ATS. «Le frère Lycarion incarne l’idéal de la vie mariste: humilité, proximité, service et amour inconditionnel des enfants, en particulier ceux issus des milieux ouvriers.»
Le processus de sa béatification a démarré en 1966. Près de 59 ans plus tard, le 27 janvier dernier, le pape François signait le décret reconnaissant François-Benjamin May comme martyr, soulignant «son engagement éducatif, spirituel et social ainsi que son dévouement auprès des plus vulnérables», selon le communiqué du Vatican.
Après Maurice Tornay (1910-1949), décédé en martyr au Tibet et béatifié en 1993, François-Benjamin May est le deuxième Valaisan à obtenir cette reconnaissance. (tib/ats)
