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Les patrons suisses veulent nous faire travailler plus

SP Kopraesident Cedric Wermuth, AG, links, spricht vor Nationalratspraesident Martin Candinas, Mitte-GR, an der ausserordentlichen Session der Eidgenoessischen Raete, am Dienstag, 11. April 2023 im Na ...
Cédric Wermuth (PS) estime que le document de l'association patronale est «incohérent».image: keystone

Les patrons suisses veulent nous faire travailler plus: le PS s'énerve

L'Union patronale suisse veut lutter contre la pénurie de main-d'œuvre qualifiée avec un plan en huit points. Mais l'un d'entre eux pose particulièrement problème, d'après le conseiller national PS Cédric Wermuth.
26.04.2023, 16:5726.04.2023, 18:07
Corsin Manser
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La population suisse doit travailler davantage. C'est ce que demande l'Union patronale suisse (UPS) dans un plan de mesures publié lundi 24 avril. L'association présente huit points qui devraient permettre de réduire la pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Il y est notamment question d'augmenter le volume de travail et l'âge de la retraite, ainsi que de renforcer les structures en crèches – Seules façons de maintenir la prospérité, écrit l'UPS.

Pour le coprésident du Parti socialiste (PS), Cédric Wermuth, certaines propositions sont toutefois «totalement inadaptées». Le conseiller national s'insurge plus particulièrement contre l'augmentation du volume de travail. «Ce plan ne tient pas compte de la situation réelle», déclare-t-il à watson.

«Aujourd'hui, la main-d'œuvre qualifiée manque surtout dans les entreprises où les employeurs refusent de créer de bonnes conditions de travail. Je pense, par exemple, au secteur de la construction, aux infirmiers ou encore au métier de la restauration. Il est complètement inadéquat de vouloir mettre encore plus de pression sur les employés, alors même que la productivité a augmenté.»

«Ce plan ne prend pas en compte la réalité des familles et doit être mieux réfléchi»
Cédric Wermuth, conseiller national (PS)watson

Du point de vue de Cédric Wermuth, il faudrait aller dans la direction opposée. Ces dernières années, la concentration de la fortune a fortement augmenté. Les bénéfices des entreprises dans le commerce des matières premières et dans l'industrie pharmaceutique se sont multipliés.

«Il est plus que temps que cela se répercute sur les employés. Soit par des salaires plus élevés, soit par une réduction du temps de travail»
Cédric Wermuth, conseiller national (PS)watson

Dans le communiqué de l'organisation patronale, une amélioration de la conciliation entre vie familiale et professionnelle est également abordée. On peut y lire: «Les crèches et les écoles à horaire continu doivent être davantage encouragées. Chaque franc de l'Etat qui subventionne la garde d'enfants doit être consacré à du travail supplémentaire et non à plus de temps libre».

Là aussi, Cédric Wermuth s'insurge: «Je me réjouis que l'Union patronale suisse veuille promouvoir les crèches. Le PS exige depuis longtemps des places abordables. Nous avons d'ailleurs lancé l'initiative sur les crèches. Mais l'UPS est incohérente. Elle demande que les employés travaillent plus et plus longtemps. Cela ne tient pas compte de la réalité des familles et n'est pas mûrement réfléchi».

Des changements fiscaux

Le plan de mesures de l'UPS a le soutien d'Andri Silberschmidt. «Avec la vague de départs à la retraite, le nombre de travailleurs diminue chaque année en raison de l'évolution démographique», explique le conseiller national PLR à watson.

«On peut résoudre ce problème soit par l'immigration, soit en mettant en place des incitations en Suisse pour que les gens travaillent plus»
Andri Silberschmidt, conseiller national (PLR)watson

Pour Andri Silberschmidt, il ne s'agit pas de faire en sorte que les personnes travaillant à 100% travaillent encore plus. «Nous devons veiller à ce que ceux qui ne travaillent pas du tout ou peu puissent travailler davantage.» Outre l'introduction de l'imposition individuelle, le membre du PLR demande un lissage de la progression fiscale. Il a récemment déposé une interpellation à ce sujet.

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Andri Silberschmid.image: keystone

«Nous avons des incitations erronées dans le système. Si l'on travaille à temps plein, on paie un taux d'imposition beaucoup plus élevé», explique le politicien PLR. En revanche, en travaillant à temps partiel, on peut bénéficier de crèches à prix réduit et d'un logement bon marché. «Il est inacceptable que celui qui travaille à temps plein finance le style de vie des autres alors qu'ils pourraient aussi travailler plus», déclare Andri Silberschmidt.

L'Union patronale suisse a annoncé avoir pris acte de la critique de Cédric Wermuth. Mais Daniella Lützelschwab, responsable du secteur marché du travail, rétorque: «Il ne s'agit pas d'augmenter le temps de travail hebdomadaire général. Nous ne voulons pas toucher à la semaine de 42 heures.» L'UPS veut mettre en place des incitations pour que la population fasse globalement plus d'heures de travail, explique Daniella Lützelschwab.

«Il y a de nombreuses personnes qui souhaiteraient travailler davantage, mais qui ne peuvent pas en raison des conditions-cadres. Il faut remédier à cette situation»
Daniella Lützelschwab, responsable au sein de l'Union patronale suisse.watson

Des points d'entente

Cédric Wermuth ne contredit toutefois pas l'Union patronale sur tous les points. Ainsi, le conseiller national socialiste souhaite également que l'imposition individuelle soit introduite. Andri Silberschmidt s'en réjouit: «C'est bien de ne pas avoir que des divergences», dit le politicien PLR, qui espère que le dossier va avancer rapidement.

Cédric Wermuth est aussi d'accord avec la promotion de la formation professionnelle. Le levier le plus important à ses yeux est l'augmentation des salaires à 5000 francs par mois pour les personnes ayant terminé leur apprentissage, justement parce que la vie devient de plus en plus chère et que cela renforce le pouvoir d'achat et donc l'économie.

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

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Video: watson
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