L'énergie solaire est en plein essor: année après année, les records se succèdent concernant le nombre d'installations photovoltaïques qui brillent sur les toits helvétiques. En 2024, le développement devrait atteindre une puissance de 1800 mégawatts, ce qui correspond à la consommation de 400 000 ménages privés. Pour la première fois, les installations solaires fournissent plus de 10% de la consommation d'électricité suisse.
Alors que les installations de panneaux solaires alpins sont à la traine, la Suisse compte désormais plus de 300 000 propriétaires privés d'une installation photovoltaïque. Selon le lieu de résidence, une telle installation peut être bien rentable: ceux qui produisent plus d'électricité qu'ils n'en consomment profitent de remboursements parfois généreux.
Ces remboursements ont une influence directe sur la rentabilité ou non d'une installation solaire.
Une étude de l'EPFZ et de l'université de Berne a mis en lumière en 2023 d'énormes différences de prix entre les communes. Si cette étude a fait sensation au sein des commissions de l'énergie du Conseil national et du Conseil des Etats, les différences sont toujours aussi importantes.
En effet, quelqu'un qui a installé des panneaux photovoltaïques sur son toit à Einsiedeln peut par exemple compter sur un rendement de plus de quinze centimes par kilowattheure s'il injecte son électricité excédentaire dans le réseau. Dans la commune voisine d'Alpthal, en revanche, l'entreprise d'énergie compétente ne paierait même pas six centimes. Celle-ci est obligée d'acheter l'électricité menant ainsi les fournisseurs d'énergie à faire du lobbying auprès des politiques. Le prix doit être basé sur le marché, a exigé l'Association suisse des entreprises d'approvisionnement.
Et le succès a été au rendez-vous puisque dans la deuxième moitié du mois de février, le Conseil fédéral devrait publier l'ordonnance relative à la loi sur l'électricité que la Suisse a adoptée en juin dernier. Ce texte fixe également une rétribution minimale qui s'appliquera à l'ensemble du pays à partir du 1er janvier 2026. La consultation permet de savoir à quoi ça ressemblera – et certains fournisseurs d'énergie ont déjà adopté ces tarifs: de 0 à 4,6 centimes par kilowattheure pour les propriétaires d'une petite installation allant jusqu'à 30 kilowatts de puissance.
Jürg Grossen, président des Vert'libéraux et de Swisssolar, estime que c'est trop peu.
Les Vert'libéraux ont rédigé un appel qui s'adresse au Conseil fédéral qui stipule que «ces faibles rétributions d'achat sont contraires à la volonté des législateurs et du peuple». Pour soutenir ces propos, le président du parti tient une comparaison avec d'autres types de centrales électriques, qui ont une rémunération minimale nettement plus élevée: douze centimes ou plus. Surtout lorsqu'elles sont intégrées dans l'approvisionnement de base, comme l'énergie fluviale.
Détail piquant, le remboursement a également lieu lorsque, par exemple en été, il y a une surabondance d'énergie et que les prix de l'électricité basculent dans le négatif. «C'est désagréable», admet Grossen, «mais nous devons résoudre ce problème, qui ne s'applique qu'à quelques heures, par une autre approche.»
Pour l'instant, il rappelle que, conformément à la loi sur l'électricité, 35 térawattheures (TWh) d'électricité devront être produits à partir de nouvelles énergies renouvelables d'ici 2035.
L'intérêt pour l'appel est encore limité: à peine 2500 personnes l'ont signé. Cela représente moins de 1% de toutes les personnes concernées.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci