«Une goutte d'un produit contenant de la deltaméthrine peut contaminer un ruisseau entier», s'alarme un chimiste cantonal de Schaffhouse auprès de la SRF. L'objet de ses inquiétudes: un insecticide hautement toxique qui menace la faune aquatique et qui n'est soumis à aucune valeur limite en Suisse.
Selon la télévision alémanique, le produit était pourtant dans le viseur de l'Office fédéral de l'environnement (Ofev) lorsque celui-ci s'est penché sur la limitation de onze substances en raison de leur présence récurrente dans les cours d’eau suisses.
Mais après avoir consulté l'Union suisse des paysans (USP) et les services phytosanitaires cantonaux, quatre d'entre eux, dont la deltaméthrine, ont été exclus de la liste.
Le lobby agricole considère que l'insecticide en question est essentiel pour de nombreuses cultures. L'introduction de valeurs limites pourrait donc, en cas de dépassement, compromettre leur mise sur le marché.
Si la substance disparaissait, des agriculteurs se retrouveraient sans «aucune protection» et «démunis», explique notamment un responsable de l'USP à la SRF.
L'Ofev, qui dépend du Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (Detec) d'Albert Rösti, semble donc avoir suivi la recommandation de la faîtière agricole.
Problème: cette décision ne respecte pas la loi sur la protection des eaux. C'est d'ailleurs directement précisé dans le rapport de consultation que la SRF a pu consulter.
Dans ce dernier, il est précisé que pour les quatre produits exemptés de valeur limite - la deltaméthrine, le flufénacet, le foramsulfuron et la lambda-cyhalothrine - «la protection des eaux [...] n'est pas garantie».
Un expert en droit environnemental remet également en question la légalité de cette initiative:
Contacté par la SRF, l'Ofev indique que le Conseil fédéral devrait prochainement lancer une «consultation sur la modification de l'ordonnance sur la protection des eaux». S'agissant d'une «procédure en cours», il ne peut donc pas commenter ces révélations.
Il ajoute néanmoins «qu'il n'est pas rare que des groupes d'intérêts soient consultés» et que la Conférence des services de l'environnement avait également été associée au projet. (jzs)