Pourquoi l'armée suisse veut investir l'espace
L'armée suisse aura un centre de compétences «Espace» dès le 1er janvier 2026, a décidé mercredi le Conseil fédéral. Des capacités opérationnelles comme l'observation de la Terre ou la protection contre des systèmes étrangers devront être développées. Le plafond des dépenses est fixé à 850 millions de francs.
L'espace orbital joue un rôle croissant dans les opérations militaires et les applications civiles. Ces dernières années, les acteurs commerciaux et étatiques ont misé toujours plus sur les technologies satellitaires. La guerre en Ukraine met en évidence que la communication, la reconnaissance et la navigation spatiales sont devenues des facteurs décisifs, écrit le gouvernement dans un communiqué.
La suppression ou la défaillance technique de ces systèmes peut avoir de graves conséquences. Pour l’instant, l'armée suisse dépend exclusivement de fournisseurs étrangers et d'organisations supranationales dans ces domaines, ce qui menace son autonomie et sa capacité d'action, selon le Conseil fédéral.
Le Conseil fédéral dispose depuis 2023 d'une politique spatiale. Il a adopté désormais une conception générale qui pose les bases d'une utilisation accrue des applications spatiales, réduit la dépendance vis-à-vis de pays tiers et permet une coopération ciblée avec des partenaires internationaux.
Des missions de reconnaissance
Le centre de compétences Espace orbital renforcera les capacités de l'armée en coordination avec l'Office fédéral de l'armement armasuisse, l'Office fédéral de topographie swisstopo et d'autres. Il assurera aussi le bon fonctionnement des systèmes au sol et dans l’espace orbital, qu’il s’agisse de stations au sol ou de satellites.
L'armée devra développer de nouvelles capacités opérationnelles en rapport avec l'espace orbital. Elle devra notamment être capable de savoir ce qui s'y passe, savoir quand et avec quelle efficacité l'armée suisse peut être observée et écoutée.
L'armée devra aussi pouvoir «protéger la troupe contre l'exploration en orbite, protéger nos propres systèmes dans l'espace orbital, brouiller et entraver les systèmes adverses.» Et effectuer des missions de reconnaissance, d’exploration et de surveillance depuis l’espace orbital, pour transmettre rapidement des informations à la troupe et observer les conditions météorologiques (pour anticiper par exemple les intempéries).
La mise en œuvre des mesures se fera par étapes, probablement d'ici au milieu des années 2030, selon le Conseil fédéral. Le plafond des dépenses est fixé à quelque 850 millions de francs sur une période de douze ans. Ces moyens seront présentés au Parlement dans le cadre des messages sur l'armée. (jzs/ats)