Une UDC dénonce un service de l’armée qui questionne sur «le plan moral»
Dans le cadre de sa stratégie pour l’égalité, la Confédération s’est fixé pour objectif de porter la part des femmes dans l’armée à 10% d’ici 2030. En 2022, elle a notamment créé le service spécialisé «Femmes dans l’armée et diversité». Mais la pertinence de cette structure est désormais remise en question.
Fin septembre, la conseillère nationale Stefanie Heimgartner (UDC) a déposé une motion réclamant sa suppression. Selon elle, la création de services spécialisés pour certains groupes de la population conduit à une fragmentation et à des doublons dans l’administration.
Faire le ménage dans les tâches
Selon le texte, toutes les tâches concernées devraient être intégrées à des structures existantes, comme l’aumônerie militaire ou le service psychologique et pédagogique de l’armée. La motion indique:
Le texte ajoute:
L'égalité de traitement remise en cause
De plus, le documentlaisse entendre que les femmes ou d’autres groupes auraient besoin de structures de soutien distinctes. Cela reviendrait à relativiser le principe d’égalité de traitement, et à institutionnaliser un régime de faveur, «deux conséquences qui suscitent des interrogations sur le plan tant moral que politique», écrit Stefanie Heimgartner. L’armée, estime-t-elle, doit avant tout fonctionner selon «des critères de performance et de qualification».
La conseillère nationale écrit:
Selon l'Argovienne, les mesures et les objectifs proposés détournent l’attention du but essentiel, à savoir restaurer la capacité de défense.
L'élue écrit également dans sa motion:
Elle fait ici référence à l’étude réalisée en 2024 par le service «Femmes dans l’armée et diversité» sur la discrimination et les violences sexuelles dans l’armée suisse.
L’enquête portait sur 1126 personnes et les résultats étaient sans équivoque. Environ la moitié des sondés déclaraient avoir été victimes de discrimination au sein de l’armée suisse, et près de 40% affirmaient avoir subi des violences sexuelles.
«Aucune valeur ajoutée identifiable» pour l’armée
Stefanie Heimgartner a déclaré à l'Aargauer Zeitung:
La conseillère nationale a elle-même effectué son service militaire il y a une dizaine d’années, participant notamment à trois missions Swisscoy au Kosovo. Elle ajoute:
La conseillère nationale ne croit pas non plus que la stratégie d’égalité permet d’augmenter la proportion de femmes dans l’armée ni de renforcer ses capacités de défense. Elle estime:
Le service reste justifié
Pour la conseillère nationale du Centre Maya Bally, renoncer à ce service spécialisé n’est pas envisageable. Elle rappelle:
L’ancienne conseillère fédérale du Centre, Viola Amherd, y voyait un instrument essentiel pour lutter contre les discriminations. «C’est pourquoi je trouve tout à fait justifié qu’il existe», ajoute Maya Bally, d’autant que l’on continue d’entendre parler de cas de discrimination au sein de l’armée. Elle ajoute:
L'élue comprend que son appellation puisse donner l’impression d’un traitement particulier réservé aux femmes, alors qu’il s’adresse à l’ensemble du personnel de l’armée.
Supprimer complètement cette entité n’est, toutefois, pas une option pour la collègue de parti du ministre de la Défense, Martin Pfister. Elle insiste:
Cela pourrait d’ailleurs contribuer à augmenter la proportion de femmes dans l’armée. Elle conclut:
Traduit de l'allemand par Joel Espi
