Trains à l'arrêt, métros bloqués, embouteillages, communications interrompues: à 12h33 ce lundi 28 avril, le courant s'est coupé sur l'ensemble de la péninsule ibérique et une partie du sud de la France, avant d'être quasiment rétabli ce mardi matin.
Face à une panne d'une telle ampleur, qualifiée d'historique, quelles sont les mesures de gestion de crise que la Suisse serait prête à déployer?
«Le trafic ferroviaire serait interrompu», confirme l'Office fédéral de la protection de la population (OFPP). En effet, si les chemins de fer disposent de leur propre réseau électrique pour les trains, «les aiguillages et les installations de commande sont tributaires du réseau électrique public», explique Dennis Rhiel, chef de la communication.
De son côté, Martin von Muralt, délégué de la Confédération et des cantons au Réseau national de sécurité (RNS), précise que si une panne d'électricité d'une telle ampleur se produit, les CFF auront la responsabilité de chapeauter toute l'organisation du rail. Ils seront par exemple en charge de vider les trains ou de déplacer les gens.
Et de préciser qu'en Suisse, «les autorités cantonales gèrent le début de la crise et intègrent les structures en charge d'y répondre – pompiers, police, protection de la population et infrastructures critiques (énergie, transport, communication, santé et alimentation)».
Qu'en serait-il du trafic aérien? S'il risque effectivement d'être perturbé, des installations électriques de secours permettent de maintenir un service minimal, assure Dennis Rhiel. «La sécurité des passagers serait garantie.» Sur la route en revanche, la panne des feux de signalisation poserait des problèmes, surtout dans les zones urbaines. Les embouteillages seraient l'une des conséquences.
Les établissements hospitaliers «devraient réussir à fonctionner en mode réduit» grâce à des groupes électrogènes de secours dont l'autonomie varie entre 48 et 72 heures, selon les cantons, et qui peuvent être réalimentés en fioul même durant une panne de courant, affirme Martin von Muralt.
Au bout de quelques heures, les téléphones, internet et la télévision ne fonctionneraient plus. Actuellement, le sytème de communication pour les services de secours et les infrastructures critiques a une autonomie de 72 heures. Il ne sera cependant plus disponible dès 2035. Dès lors, «des discussions sont en cours afin d'obliger les fournisseurs de téléphonie mobile à fournir le même service dans le futur», poursuit Martin von Muralt.
La population devra, quant à elle, se rendre à des points de rencontre d'urgence (PRU) développés dans tous les cantons «et mis à jour suite au conflit en Ukraine et face à l'augmentation des catastrophes naturelles», confie le délégué de la Confédération et des cantons au RNS.
Sur place, les personnes trouveront notamment des génératrices pour recharger leurs téléphones et l'accès au wifi afin de recevoir les informations envoyées par les autorités.
A noter que la possibilité d'utiliser le wifi dans les PRU n'est pas encore disponible dans tous les cantons. En cours de développement également, le Cell Broadcast, une technologie qui permet d'envoyer une alarme sur tous les téléphones d'une région. Martin von Muralt rappelle toutefois que l'application Polyalert, gérée par l'office fédéral de la protection de la population, est disponible:
En conclusion, si un black-out se produit en Suisse:
Selon Leonard Schliesser, chercheur en protection des infrastructures critiques à l'EPFZ, une coupure d'électricité générale pourrait bel et bien se produire en Suisse. Au micro de la SRF, il souligne cependant que la situation deviendrait problématique uniquement «après 48 ou 72 heures», soit lorsque «les réserves d'urgence des ménages urbains seraient épuisées et que les groupes électrogènes de secours des infrastructures critiques s'éteindraient». Et de conseiller à la population de prévoir un stock de base comprenant, par exemple, de l'eau et de l'argent liquide.