Ce jeudi, c’est l’assommoir. Les 39% de tarifs douaniers sur les exportations suisses vers les Etats-Unis sont officiellement entrés en vigueur. «Il ne faut pas se leurrer, si cette situation toxique doit durer, il y aura des impacts sur l’emploi.» Directeur de l’entreprise Willemin-Macodel implantée à Delémont, dans le canton du Jura, Olivier Haegeli ne veut pas prononcer le mot de licenciements, «la pire des choses pour les industriels que nous sommes», dit-il, joint ce jour par watson.
Spécialisée dans le développement et la fabrication de machines-outils de haute précision, sa société emploie 370 personnes. Pour l’heure, le chômage partiel fera l’affaire, mais ce pis-aller n’est pas éternel.
L’entrepreneur, par ailleurs président de la Chambre de commerce et d’industrie du canton du Jura, est catégorique:
C’est pourquoi il espère que ce taux en forme de coup de massue sera revu à la baisse dans un futur pas trop éloigné. «Mais, même avec un taux de 20%, ce serait difficile.»
Olivier Haegeli tient à garder une certaine discrétion sur la part des Etats-Unis dans les exportations de sa société. Elle se situe dans la moyenne des 18% exportés par les entreprises jurassiennes vers ce marché de 350 millions de consommateurs. «C’est parfois plus, c’est parfois moins», dit-il.
Comme beaucoup de ses consœurs suisses tournées vers l’exportation, la PME Willemin-Macodel, créée en 1974, est une entreprise de pointe, spécialisée dans l’horlogerie, le médical, l’aéronautique ou encore l’optique. Son CEO fournit les enjeux commerciaux:
Le grand argument commercial d’une entreprise comme Willemin-Macodel auprès de ses clients étrangers, américains en particulier, c’est le «ROI», le Return on Investment, le retour sur investissement, affirme Olivier Haegeli.
Cela sera-t-il toujours possible avec un surcoût de 39% à la vente, dans le cas où la totalité des droits de douane devait être répercutée sur le prix? «C’est un coup dur pour les entreprises suisses et jurassiennes», constate amèrement l’entrepreneur.
Mercredi, dans le canton du Jura, une visioconférence a réuni le ministre de l’Economie, Stéphane Theurillat, le Délégué à la promotion économique, Lionel Socchi, et le directeur de la Chambre de commerce et d’industrie, Pierre-Alain Berret.
«On n’imagine pas que ces droits de douane restent à 39% pour toujours», espère à son tour Lionel Socchi.
Le Délégué à la promotion économique jurassienne craint les effets directs, mais aussi les effets indirects des 39%, sachant que de nombreuses sociétés produisent des pièces en sous-traitance pour des entreprises suisses directement exportatrices, c’est particulièrement le cas dans le secteur horloger. «Ce qu’on aimerait, reprend Lionel Socchi, c’est que la Confédération étende à 24 mois la durée du chômage partiel, déjà en vigueur dans le canton du Jura depuis 2024, une durée qui est normalement de 18 mois.»
Jointe par watson, une autre entreprise jurassienne, également exportatrice, n’a pas souhaité répondre à nos questions. A Saint-Imier, dans le Jura bernois, une région non moins industrielle et non moins exportatrice, où le géant horloger Longines fait figure de navire amiral, le maire Corentin Jeanneret dit «s’en remettre au Conseil fédéral».
Beaucoup d’entreprises de l’arc jurassien sont encore en congé. Le cas de Willemin-Macodel à Delémont. «Ce sont les traditionnelles vacances horlogères », explique Olivier Haegeli. La reprise est fixée au lundi 11 août.