Berne pourrait mettre fin à l'«exception suisse» sur le roaming
Une fois de plus, la Suisse décide de rester isolée. Tandis que les citoyens de l’Union européenne peuvent téléphoner, envoyer des messages et surfer à l’étranger sans frais supplémentaires, les voyageurs suisses doivent encore payer pour utiliser leur téléphone dans les pays voisins, et inversement.
Et cela ne changera peut-être pas de sitôt: dans sa réponse publiée ce jeudi, le Conseil fédéral recommande de rejeter une motion déposée par la centriste bâloise Elisabeth Schneider-Schneiter.
Des justifications qui tombent à plat
Le gouvernement assure certes être «fondamentalement favorable» à l’idée, mais il estime que «le moment n’est pas opportun pour entamer des négociations en vue d’une possible adhésion de la Suisse au programme européen "Roam like at home"». Une formule déjà utilisée dans sa réponse à une précédente intervention du socialiste zurichois Fabian Molina. Le surveillant des prix, Stefan Meierhans, a récemment plaidé dans le même sens, tout comme une pétition citoyenne.
Rien de tout cela ne semble émouvoir le gouvernement, comme on peut le lire dans sa réponse officielle:
Pourtant, le sujet n’a rien de nouveau. Il a déjà été évoqué à plusieurs reprises et aurait pu être intégré aux discussions bilatérales en cours avec Bruxelles. Mais le Conseil fédéral s’y est opposé, invoquant la complexité des négociations.
Des sources proches des institutions européennes contestent cet argument: selon elles, l’inclusion du roaming dans les discussions n’aurait posé aucun problème à Bruxelles. Elles assurent:
De juteux profits pour les opérateurs
L’une des raisons de cette «exception suisse» pourrait bien se trouver du côté des opérateurs téléphoniques, qui engrangent chaque année des millions grâce aux frais de roaming. Swisscom, Sunrise ou Salt profitent largement de cette situation.
Et les consommateurs semblent, dans une certaine mesure, s’y être habitués: avant de partir en vacances, beaucoup ajoutent désormais l'achat d'un forfait de données à leur liste de préparatifs.
L’avenir du roaming payant en Suisse est désormais entre les mains du Parlement. Les motions de Fabian Molina et d’Elisabeth Schneider-Schneiter seront débattues au Conseil national. Si les deux Chambres décident qu’il est temps d’en finir avec cette anomalie, le Conseil fédéral devra s’exécuter, qu’il juge le moment «opportun» ou non.
Adapté de l'allemand par Tanja Maeder
