Il est arrivé d’un pas assuré. A quelques jours de son 89ᵉ anniversaire, Sepp Blatter, ex-patron tout-puissant du football mondial, n’a pas tremblé face à la Cour d’appel extraordinaire. «Je me sens assez fort pour venir et pour déposer», a-t-il déclaré, droit dans son costume sombre. Devant les juges, l’ancien président de la FIFA a rejoint en bloc les accusations portées contre lui, assurant qu’il n’a jamais eu d’intention frauduleuse.
Celui qui se revendique comme un «bon citoyen» a défendu le versement de 2 millions de francs à Michel Platini en 2011, affirmant qu’il reposait sur un accord oral et qu’il s’agissait d’une transaction légitime et justifiée.
Le président de la Cour, Roland Hofmann, s’est étonné de l’absence de contrat écrit pour justifier un paiement d’une telle ampleur. Sepp Blatter, fidèle à son sens de l’autorité, a répondu avec aplomb:
Michel Platini, à son tour interrogé, a validé cette version des faits. L’ancien numéro 10 de l’équipe de France assure qu’il n’a réclamé son dû qu’après le départ de Sepp Blatter de la présidence de la FIFA. «Si la FIFA avait refusé de payer, j’aurais engagé une procédure judiciaire: une parole est une parole.»
Dans les documents cités par le Ministère public de la Confédération (MPC), Michel Platini a facturé à la FIFA en 2011 quatre tranches de 500 000 francs pour son rôle de consultant entre 1998 et 2002. Une défense renforcée par un témoin clé Pour la défense, un témoignage s’est révélé essentiel. Markus Kattner, ex-directeur financier de la FIFA, a assuré que le paiement respectait les règles internes de la fédération. «Le règlement interne de la FIFA avait été respecté lors de ce paiement.»
Un argument dont Sepp Blatter et Michel Platini espèrent qu’il pèsera lourd dans la balance judiciaire. Un procès sans la FIFA Dès l’ouverture de l’audience, les avocats de la défense ont dénoncé l’absence de la FIFA, pourtant partie prenante du recours. Un vide qui a provoqué l’ironie mordante de Dominic Nellen, avocat de Michel Platini: «Où est la FIFA ? Quel est ce match sans équipe adverse?»
Le président du tribunal a confirmé que la fédération n’avait fourni aucune motivation à son appel, ce qui a conduit à son exclusion des débats. Cette décision signifie que la FIFA ne pourra pas contester un éventuel acquittement prononcé par la Cour d’appel.
Mais pour le Ministère public de la Confédération, la version des deux hommes ne tient pas. L’accusation martèle que ce paiement de 2 millions de francs ne servait en rien les intérêts de la FIFA, mais uniquement «à accroître la fortune» de Michel Platini. Selon le MPC, Sepp Blatter et Michel Platini ont trompé la FIFA en faisant passer cette somme pour un arriéré de salaire, alors qu’aucun document officiel ne prouve cette dette.
En juillet 2022, le Tribunal pénal fédéral avait relaxé les deux hommes au bénéfice du doute, jugeant que les preuves n’étaient pas suffisantes pour les condamner pour escroquerie, gestion déloyale et faux dans les titres. Mais le MPC a fait appel, relançant ainsi le dossier. Le verdict est attendu le 25 mars. En attendant, Sepp Blatter et Michel Platini restent présumés innocents.