Le fromage aurait des effets insoupçonnés sur votre cerveau
Les Suisses adorent le fromage, et seuls les Français en mangeraient plus qu'eux. En 2024, la consommation s'élevait à 23 kilos par habitant, soit environ 4 de plus qu'au début des années 2000.
Et ce, bien qu'on ait longtemps considéré le fromage comme un aliment malsain: trop gras, trop salé, trop calorique. Comme la viande, la charcuterie et le beurre, il contient des acides gras saturés, particulièrement discrédités.
D'étonnants effets bénéfiques découverts
Mais cette image est en train de changer. De plus en plus d'éléments attestent que les graisses du lait ne sont pas en soi néfastes. Certaines études montrent, par exemple, que le lait a un effet positif sur le taux de lipides sanguins, qu'il abaisse la tension artérielle et protège contre l'asthme. Une récente étude publiée dans la revue Neurology établit même un lien entre la consommation de fromages gras et une meilleure santé cérébrale.
Une équipe de chercheurs de l'université de Lund a analysé les données de plus de 27 000 Suédois, qui avaient fourni des informations détaillées sur leurs habitudes alimentaires dans les années 1990. Pendant 25 ans, les chercheurs ont ensuite enregistré si et quand les participants développaient une démence.
Résultat: les personnes qui consommaient quotidiennement plus de 50 grammes de fromage à plus de 20% de matières grasses présentaient un risque moindre. Les spécialités suisses, comme le gruyère, l'emmental ou la plupart des raclettes entrent dans cette catégorie. On a observé des effets positifs similaires sur la santé cérébrale pour la crème entière. En revanche, les personnes qui privilégiaient les produits allégés (lait écrémé ou yaourts light) n'en tiraient aucun bénéfice, du moins en ce qui concerne le risque de démence.
Eviter les conclusions hâtives
La raison de ce phénomène reste inconnue. Les scientifiques évoquent la «food matrix», la combinaison de nutriments dans un aliment naturel, ainsi que des composants tels que la vitamine K2. On la retrouve abondamment dans les fromages affinés et elle agirait positivement sur les vaisseaux sanguins et le cerveau.
Mais aussi prometteurs que paraissent ces résultats, la prudence reste de mise. En effet, l'étude ne peut prouver aucun lien de causalité, mais seulement une corrélation statistique. De plus, des données nutritionnelles n'ont été recueillies qu'au début de l'étude. Impossible donc de dire si les habitudes alimentaires des participants ont changé par la suite.
Tian-Shin Yeh est épidémiologiste à l'université médicale de Taipei. Elle commente l'étude dans un article accompagnant celle-ci et salue une contribution majeure dans un domaine de recherche controversé. Elle met toutefois en garde contre des conclusions hâtives. Selon elle, les aliments n'impactent pas individuellement la santé du cerveau. C'est bien l'ensemble des habitudes qui joue un rôle. Une alimentation à base de végétaux, riche en légumes, légumineuses, noix et graisses saines, telles que l'huile d'olive ou le poisson, constitue un facteur de protection bien établi contre le déclin cognitif.
Laissez-vous donc aller sans crainte lors de votre prochaine soirée fondue, sans tout de même considérer le fromage comme un superaliment. Car ce qui compte vraiment, c'est ce qu'il y a d'autre dans votre assiette.
(Adaptation en français: Valentine Zenker)
