Festival juif à Genève: «Je peux comprendre les craintes du directeur de salle»
Les raisons invoquées par le directeur du cinéma Bio de Carouge pour ne pas s’associer à l’édition 2026 du Festival international du film des cultures juives de Genève (GIJFF dans son acronyme anglais) font réagir. Le média juif français Radio Shalom et la chaîne israélienne i24News ont rendu compte de ce refus suite à la publication d'un article de watson mercredi 9 juillet sur ce sujet.
Dans un courrier envoyé fin mai à la programmatrice du GIJFF, Irma Danon, le directeur du cinéma Bio, Alfio Di Guardo, affirme que «montrer des films se réclamant de la culture juive revient actuellement à prendre position», en faveur d’Israël, comprend-on, et que «le comportement des dirigeants d’Israël jette un voile noir sur toutes les vertus de la culture juive».
Par ailleurs, Alfio Di Guardo dit craindre les réactions hostiles à l'annonce d’une collaboration de son cinéma avec le GIFF. Il s'en ouvrait mercredi à watson:
Et d’ajouter: «Je n'ai pas envie que le cinéma Bio soit stigmatisé pour son soutien au gouvernement israélien.»
A quoi Irma Danon, jointe également mercredi, a répondu, marquant son désaccord avec le directeur du cinéma carougeois:
Associé à l'artiste JR mondialement connu
Ce vendredi sur son compte Instagram, Marc Berrebi s’insurge contre les arguments du directeur du cinéma carougeois. Ce Genevois d'adoption, juif tunisien de 63 ans né à Tunis, allie «business et poésie», comme l’écrivait Le Temps dans un portrait publié en 2018.
En 2007, avec l’artiste muraliste français JR mondialement connu, il réalisait une exposition géante et illégale de photographies des deux côtés de la barrière de séparation construite par Israël entre la Cisjordanie et l’Etat hébreu à compter de la deuxième Intifada. Des visages arabes et juifs, gens de la rue, religieux des trois monothéismes présents en terre sainte, tentaient d'égayer le mur d’une humanité disparue. Cela se voulait un message d’espoir dans une région meurtrie.
L'exposition de 2007 sur le mur de séparation israélien👇
Marc Berrebi le dit à watson:
Sur son Instagram, ce Genevois d’adoption commence par dire que le cinéma Bio, réputé pour son bel aspect Art déco, est «[son] cinéma» et qu’il s’y rend «toutes les semaines». Quant au Festival international du film des cultures juives de Genève, il affirme qu’il donne lieu chaque année «à des discussions passionnantes et ouvertes».
Les explications fournies par le directeur du cinéma Bio indignent Marc Berrebi:
Et d’ajouter:
«Je ne dis pas qu’il pleut quand on me crache dessus»
Marc Berrebi termine son intervention en ces termes:
watson a demandé au Carougeois Nicolas Walder son avis sur les raisons données, en l’état, par le directeur du cinéma Bio pour ne pas s’associer à la prochaine édition du GIJFF. L’actuel conseiller national écologiste est le candidat unique des Verts et du Parti socialiste à l’élection complémentaire du 28 septembre au Conseil d’Etat genevois suite à la démission d’Antonio Hodgers. Connu pour ses positions propalestiniennes, il a été par le passé membre du conseil d’administration du cinéma Bio.
Nicolas Walder nuance: «D’un autre côté, il faut prendre en compte la sensibilité des Carougeois, qui sont horrifiés par les actes de nature potentiellement génocidaire, selon la justice internationale, de l’armée israélienne à Gaza.»
Nicolas Walder reprend:
Le candidat à l'élection complémentaire au Conseil d'Etat entrevoit un compromis possible:
La 15ᵉ édition du Festival international du film des cultures juives de Genève devrait se tenir en mars prochain. Quatre cinémas genevois ont accueilli l'édition 2024.
