Genève s'enflamme pour la maison de Zep
La maison de Zep, dessinateur de BD et père de Titeuf, déchire Genève depuis un an. Fin 2024, le Conseil municipal, alors majoritairement à gauche, avait validé son acquisition pour un montant de 21,5 millions. Comme le rappelle ce jeudi Le Temps, la volonté était de créer un «poumon de verdure» dans un quartier en forte densification.
Mais au sein de la droite genevoise, ce projet imposé par l'ancienne majorité n'est jamais passé, et un référendum avait été lancé. Celui-ci est agendé au 30 novembre prochain.
Dans la «précipitation»
Pour le PLR, le Centre, les Vert'libéraux et l'UDC, l'achat par la Ville de Genève de la Campagne Masset, du nom de ses anciens propriétaires, n'est pas prioritaire. En vue du scrutin, les référendaires dénoncent un achat «compulsif» dans un contexte budgétaire «préoccupant».
«Avant d'acheter une villa 22 millions de francs, il est indispensable que la Ville rénove son parc immobilier», a déclaré mardi dernier Maxime Provini, conseiller municipal PLR. Le comité référendaire avait convié les médias devant un immeuble vétuste du quartier de la Servette appartenant à la Gérance immobilière municipale.
«Il manque près de 800 places de crèche. Mais pour la gauche, l'urgence est d'aider un multimillionnaire à boucler sa transaction immobilière», a ajouté le président du PLR Ville de Genève Ramón Jiménez Pomareta. Et de rappeler que le Conseil municipal a adopté le crédit d'acquisition de la propriété de Zep, située dans le quartier des Charmilles, dans la «précipitation», «sous prétexte» qu'elle allait être vendue à un particulier.
Un vote dans l'urgence
D'après Le Temps, le dessinateur avait déboursé 13,2 millions de francs pour s'offrir le domaine en 2008. Une somme à laquelle s'ajoutent 5,3 millions de francs de travaux, notamment pour l'installation d'une piscine à débordement et de 7000 m² de vignes. Des ajouts qui ne servent à rien «dans l'optique d'une exploitation du parc», relève auprès du journal le Vert’libéral Boris Calame.
Lorsque la propriété est remise en vente en 2024, son prix a donc quasiment doublé. Selon une expertise relayée par Le Temps, sa valeur se chiffrait autour des 22,5 millions de francs.
Selon le journal, on ignorait à l'époque que la vente par Zep de la Campagne Masset était conditionnée à l'achat de sa prochaine demeure. Un accord est trouvé avec le dessinateur pour 21,5 millions de francs.
Sautant sur l'occasion, le Conseil municipal vote alors en urgence son acquisition, sans s'attarder sur l'usage d'un éventuel droit de préemption.
Des frais cachés
Les référendaires jugent le prix de la maison de maître du 18e siècle «surestimé», alors que le chanteur britannique Robbie Williams aurait perdu 13 millions lors de la récente vente de son manoir à Vandoeuvres (GE). S'y ajoute l'absence de projet pour l'usage futur de cette demeure. «Cette transaction est dénuée de toute vision», a souligné Roger Gaberell, conseiller municipal du groupe le Centre-les Vert'libéraux.
Selon les estimations du comité, la facture va grimper à 50 millions de francs en dix ans à cause des coûts cachés pour les transformations, l'entretien et l'exploitation de la propriété, ainsi que l'amortissement de la dette. Autant vendre à un nouveau riche contribuable qui paiera ses impôts en Ville de Genève, a en substance plaidé Maxime Provini.
Quant au domaine qui surplombe le Rhône, il ne pourra pas être transformé en parc public accessible à tous en raison des zones naturelles protégées qui s'y trouvent et de la forte pente, a avancé Boris Calame, élu le Centre-Vert'libéraux. A peine un cinquième des 35 000 mètres carrés de la propriété serait ainsi exploitable pour le public. (jzs avec ats)
