L’Association pour le soutien et la promotion des membres juifs des hautes écoles suisses (JUMS) «condamne fermement la décision de l’Université de Genève de mettre fin à sa coopération stratégique avec l’Université hébraïque de Jérusalem», écrit-elle dans un communiqué envoyé mercredi aux médias.
Mardi, la rectrice de l’Université de Genève (Unige), Audrey Leuba, a annoncé mettre un terme aux «huit partenariats stratégiques» qui liaient jusqu’ici l’Unige à des institutions académiques étrangères, dont l’Université hébraïque de Jérusalem, ce dernier partenariat faisant plus exactement l’objet d’une «dénonciation» de la part de la direction universitaire genevoise. Qui précise que la dissolution des ces partenariats n’interdit pas des collaborations entre chercheurs.
La décision de l’Unige intervient après une mobilisation constante de collectifs étudiants propalestiniens, qui demandaient la dénonciation des partenariats de l’Unige avec des institutions israéliennes jugées «complices du génocide à Gaza».
Dans son communiqué, la JUMS, par la voie de ses président et coprésident, respectivement Alfred Bodenheimer, professeur à la faculté de théologie de Bâle, et Jacques Ehrenfreund, professeur à l’Université de Lausanne, titulaire de la chaire Histoire des Juifs et du judaïsme, affirme que «contrairement aux affirmations de la rectrice Audrey Leuba (concernant la fin du partenariat avec l’Université hébraïque de Jérusalem), il s’agit là d’un acte purement politique (...).»
«Par cette décision, l’Université (de Genève) prend parti dans un conflit complexe, déclenché par l’attaque meurtrière du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 (…)», écrit la JUMS, une association fondée en 2024 en réaction aux mobilisations étudiantes propalestiniennes.
La JUMS ajoute:
«Cette capitulation sans condition face aux revendications d’agitateurs anti-israéliens constitue la dernière étape d’une politique de compromission qui permet depuis des mois une présence quasiment incontrôlée de ces cercles au sein de l’Université, poursuivent les auteurs du communiqué. L’inquiétude des membres juifs de l’université, qui se sentent menacés du fait de leur lien réel ou supposé avec Israël, est pratiquement ignorée. Une demande d’entretien adressée à Madame Leuba le 13 mai, à la suite de témoignages alarmants de membres de son université, est restée sans réponse.»
Mardi, le rectorat de l’Unige a annulé une rencontre annuelle destinée à ses principaux bailleurs de fonds en raison de la présence, sur les lieux, d'étudiants propalestiniens. Le rectorat a estimé que la réunion ne pouvait se dérouler sereinement.
Dans un communiqué publié le même jour, le rectorat a indiqué avoir décidé de suivre – s’agissant de la rupture des partenariats stratégiques – la conclusion principale d’un rapport commandé à un comité scientifique sur le rôle des universités dans le débat public. L'université «ne doit pas être partie prenante des débats qui se déroulent en son sein». Il s'agit d'une «condition essentielle» à la liberté d'expression, souligne le rectorat de l’Unige. (amn)