Javier Figueroa, l'ancien lieutenant d'Erwin Sperisen, a indiqué, lundi, avoir déposé une plainte, à Genève, contre le premier procureur genevois Yves Berstossa, pour calomnie. Cette annonce intervient à une semaine de l'ouverture, devant un tribunal genevois, du quatrième procès d'Erwin Sperisen. L'ex-chef de la police nationale civile du Guatemala est accusé de complicité d'assassinat.
Le plaignant avait participé au côté de son ancien supérieur Erwin Sperisen, en septembre 2006, à l'assaut par les forces de l'ordre de la prison de Pavon, un établissement guatémaltèque qui se trouvait à l'époque sous la coupe des narcotrafiquants. Au cours de l'opération, sept détenus avaient été tués.
Aux yeux du Ministère public genevois, ces prisonniers ont été exécutés froidement avec l'accord d'Erwin Sperisen. Le Parquet estime aussi que Javier Figueroa a pris part à ces liquidations avec d'autres hommes armés. Or, l'ancien bras droit a été jugé en Autriche pour ces faits en 2013, et a été acquitté.
Pour le plaignant, dire, comme le prétend le premier procureur Yves Bertossa, qu'il a fait partie d'un groupe criminel alors qu'un jugement a conclu le contraire, est une accusation qui porte gravement atteinte à son honneur. C'est la raison pour laquelle il a déposé une plainte contre le magistrat genevois.
L'ancien homme de confiance d'Erwin Sperisen a promis de tout entreprendre pour que son acquittement «soit respecté».
Dans cette affaire, tous les pays européens ont acquitté les hauts responsables qui avaient participé à l'opération de Pavon, sauf la Suisse, ont souligné Florian Baier et Giorgio Campa, les avocats d'Erwin Sperisen. En Espagne, l'accusation contre l'ancien ministre de l'intérieur guatémaltèque Carlos Vielmann «a été balayée».
Javier Figueroa «ne veut plus que son nom soit traîné dans la boue», il ne veut plus, aussi, être qualifié de «chef d'un commando de tueurs» par le Ministère public, a relevé M. Baier. Dans ce dossier, «ce n'est pas l'Autriche qui a été condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme, mais la Suisse», a ajouté M. Campa. (jch/ats)