Le 21 décembre, on dénombrait 95 moutons et chèvres tués par des loups dans le canton de Berne. A titre de comparaison, 44 moutons et chèvres ont été tués sur l'ensemble du territoire cantonal l'année dernière.
Les chiffres communiqués par l'Inspection de la chasse bernoise à CH Media coïncident avec ceux publiés peu avant par le canton des Grisons. Dans ce canton, plus de 500 animaux de rente ont été tués par des loups cette année. Soit le double de l'année précédente.
Dans le canton du Valais, les loups ont déjà tué 415 animaux de rente cette année. 227 animaux ont été tués dans des pâturages protégés ou non protégeables. Ainsi, 188 animaux ont trouvé la mort sur des pâturages insuffisamment protégés selon les critères des autorités, soit près de la moitié des animaux décédés.
En 2021, 336 animaux ont été tués par des loups en Valais. En 2020, ce chiffre était de 302, et de 205 en 2019. Dans les Grisons, le nombre important de morsures est mis en relation avec la croissance de la population de loups. L'augmentation d'attaques correspond à celle de la population des loups, indique le communiqué des Grisons.
Au sein du Groupe Loup Suisse, qui s'efforce notamment de promouvoir «une large acceptation du loup, de l'ours, du lynx et du chacal doré en Suisse», on s'efforce de relativiser les chiffres.
Ce n'est donc pas que les loups deviennent de plus en plus redoutables. L'augmentation des attaques serait plutôt due à l'expansion géographique de la population de loups.
Les problèmes surviennent lorsque les loups pénètrent dans des régions où les éleveurs n'ont pas encore d'expérience avec la présence du grand prédateur. Un schéma similaire a été observé en Allemagne, où une étude a révélé que ni le nombre de moutons disponibles, ni le nombre de loups, n'avaient d'influence sur les pertes subies par les éleveurs de moutons allemands.
A la Fondation pour l'écologie des carnivores et la gestion de la faune sauvage (Kora), qui appartient à la Confédération, le discours est nuancé:
Et d'ajouter que cela est particulièrement vrai pour la Suisse, qui est un petit pays avec une agriculture alpine. La situation y varie non seulement d'une vallée à l'autre, mais aussi d'une saison à l'autre.
Il renvoie à une étude récemment publiée par la Kora, dans laquelle l'efficacité des mesures de protection des troupeaux et des tirs de loups a été examinée. Celle-ci résume le conflit de la manière suivante: «Avec l'extension croissante de leur aire de répartition, les loups pénètrent aujourd'hui dans des régions où des pratiques de pâturage se sont imposées en l'absence de grands prédateurs».
Par exemple, dans les hautes Alpes isolées ou escarpées, les moutons paissent depuis des générations. A de tels endroits, les mesures de protection recommandées par les autorités, comme les clôtures ou les chiens de troupeau, peuvent difficilement être mises en place pour des raisons pratiques.
Dans ces régions, la coexistence du loup et du mouton, telle qu'elle est visée par la politique officielle suisse, devient donc difficile.
Le rapport précité conclut que la présence de chiens de protection a, certes, une influence positive sur les dommages causés par le loup, mais que les chiens seraient moins efficaces dans les «régions escarpées et à forte proportion de forêts».
Faute de données, l'étude ne se prononce pas sur l'efficacité des clôtures électriques. Reste une stratégie qui a été davantage utilisée cette année: l'abattage ciblé des jeunes loups. Cette mesure est «efficace à court et moyen terme», indique l'étude à ce sujet. «Les zones concernées sont restées exemptes de loups pendant une longue période après les tirs».
A l'avenir, la Suisse devrait avoir davantage recours à cette forme de prévention. Cet hiver, le Parlement a ordonné un changement de paradigme dans la gestion du loup en Suisse. A l'avenir, les loups ne devront plus être abattus seulement lorsqu'ils ont causé des dommages. Au contraire, ils doivent déjà pouvoir être abattus afin d'éviter de futurs dommages ou menaces.
La décision du Parlement a été précédée d'un débat houleux. Il a notamment été déclenché par des incidents dans les cantons du Valais, de Berne et de Saint-Gall, où des loups ont même attaqué des bovins. En 2020, les partis de gauche et les organisations de protection de l'environnement avaient réussi à empêcher par référendum une révision de la loi sur la chasse visant à durcir la position de l'Etat face au loup.
A l'époque, selon l'Office fédéral de l'environnement, environ 80 loups vivaient encore en Suisse, répartis en 8 meutes. Entre-temps, le nombre de meutes est passé à 20. La population totale de loups en Suisse est estimée à environ 200 animaux. (aargauerzeitung.ch)