En début de semaine, le chancelier allemand Olaf Scholz a rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Scholz a ensuite déclaré qu'une nouvelle conférence de paix allait avoir lieu. Tant lui que Zelensky estiment que la Russie doit y participer. Selon le Bild, cette rencontre «se tiendra en Suisse». Le tabloïd allemand n'a pas expliqué d'où il tenait cette information.
En juin dernier, la Suisse avait organisé une première conférence sur le sujet, qui avait eu lieu au Bürgenstock. Ni la Russie ni la Chine n'avaient participé à l'événement. Une deuxième rencontre est-elle en train de se préparer?
La réponse du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) est évasive.
Le département précise que les conseillers en sécurité nationale de nombreux pays de toutes les régions du monde continuent d'avoir un échange intensif sur les prochaines étapes.
Le conseiller fédéral Cassis a rencontré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à New York le 16 juillet dernier.
Vendredi, le Tessinois rencontrera le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, à Genève. Ces derniers mois, l'Inde a joué un rôle de médiateur entre l'Ukraine et la Russie. En juillet, le Premier ministre indien, Narendra Modi, s'est rendu à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine, puis en août, il a rendu visite à Volodymyr Zelensky à Kiev.
Le ministre indien des Affaires étrangères a récemment rencontré son homologue russe et le conseiller indien à la sécurité s'est rendu à Moscou cette semaine.
Selon un observateur, l'Inde tente de convaincre la Russie et l'Ukraine d'organiser une conférence de paix sur son territoire. Mais un deuxième sommet en Suisse est également possible. Le grand événement qui s'est tenu au Bürgenstock aurait été bien organisé et se serait déroulé sans accroc — plusieurs participants auraient loué l'engagement de la Suisse.
Le premier objectif des négociations est de parvenir à un cessez-le-feu. Les positions de la Russie et de l'Ukraine sont toutefois très éloignées. Kiev insiste pour que les troupes russes se retirent des territoires ukrainiens occupés. Moscou considère déjà ces régions comme faisant partie de son territoire national.
Notre source estime qu'il faut attendre le sommet des pays du BRICS en Russie fin octobre, ainsi que les élections présidentielles aux Etats-Unis, début novembre. Ce n'est qu'ensuite qu'il y aura peut-être des progrès dans les efforts de paix.
Si la deuxième conférence de paix avait effectivement lieu en Suisse, avec la participation de la Russie, la Confédération devrait assurer à Vladimir Poutine un sauf-conduit. En effet, la Cour pénale internationale (CPI) a émis en mars 2023 un mandat d'arrêt international contre le président russe, soupçonné de crimes de guerre.
Interrogé, l'Office fédéral de la justice (OFJ) ne donne aucune information sur les circonstances dans lesquelles il accorderait un sauf-conduit à Poutine, c'est-à-dire la protection contre une arrestation. L'OFJ ne veut pas s'exprimer sur le cas concret.
Après la conférence au Bürgenstock, il avait été question d'une éventuelle rencontre suivante dans le monde arabe. Aujourd'hui, c'est l'Inde qui est au premier plan, et à nouveau la Suisse. Cela parait un peu surprenant dans la mesure où la Russie avait vivement critiqué la rencontre et qualifié la Suisse de pays peu amical en raison de son adhésion aux sanctions de l'UE.
La conférence du Bürgenstock s'était concentrée sur les thèmes de l'infrastructure énergétique, la sécurité alimentaire et l'humanitaire. Sur ce dernier aspect, le Canada souhaite organiser une conférence de suivi en octobre; les deux premiers dossiers ont déjà fait l'objet d'un suivi lors de vidéoconférences internationales.
Mais il s'agit maintenant d'une conférence de paix qui réunira les présidents russe et ukrainien. C'est un sujet qu'Ignazio Cassis abordera vendredi avec le ministre indien des Affaires étrangères.
Traduit et adapté par Noëline Flippe