Dans la nuit de samedi à dimanche dernier, la Russie a mené sa plus vaste attaque de drones contre l'Ukraine à ce jour. Au total, les forces de Moscou ont tiré 273 drones suicides de type Shahed sur plusieurs régions du pays, a indiqué l'armée de l'air ukrainienne ce dimanche. 88 engins ont été détruits, alors qu'une femme a perdu la vie.
Ce n'est pas un cas isolé. Au cours des cinq derniers mois, les forces de Moscou ont «considérablement intensifié leurs frappes nocturnes contre l'Ukraine», indique le centre de réflexion Institute for the Study of War (ISW).
Les chiffres avancés par l'armée de l'air ukrainienne, élaborés par le Center for Strategic and International Studies (CSIS), un autre think tank américain, le montrent clairement: les attaques les plus importantes datent toutes de ces derniers mois. Ainsi, la Russie a tiré 267 drones dans la nuit du 22 au 23 février, 214 dans la nuit du 20-21 mars, ou encore 208 entre le 27 et le 28 février.
Ces attaques sortent du lot en raison de leur ampleur, mais il ne se passe pratiquement pas un jour sans que la Russie bombarde son voisin. Au total, depuis fin septembre 2022, plus de 36 000 engins ont été tirés sur l'Ukraine - ce qui correspond à 37 par jour.
Il s'agit, pour l'écrasante majorité, de drones de type Shahed, comme le suggèrent les derniers exemples cités plus haut: depuis fin 2022, Moscou a tiré près de 30 000 exemplaires de ce petit drone kamikaze conçu par l'Iran.
Son taux de succès est assez modeste: selon les chiffres de l'armée de l'air ukrainienne, quelque 2700 Shahed ont atteint leur cible, soit 9% du total. Les autres ont été neutralisés par la défense antiaérienne (environ 18 000 unités) ou ont raté leur cible (environ 8000).
Si d'autres drones connaissent des taux de réussite encore plus bas, tels que l'Orlan-10 ou le Lancet, certains projectiles se sont au contraire révélés extrêmement efficaces.
C'est le cas des systèmes de missiles sol-air S-300 et S-400, ainsi que du missile antinavire supersonique P-800 Oniks, lesquels affichent un taux de réussite de 100%. Le gros missile de croisière Kh-22, conçu pour détruire des porte-avions, s'est également montré presque impossible à intercepter.
Ces armes ont toutefois été utilisées nettement moins souvent que les drones. Ainsi, Moscou a tiré environ 400 S-300 et S-400, 146 Kh-22 et 27 P-800.
La raison est très simple: ces missiles sont très chers. Selon les calculs du CSIS, le coût de fabrication d'un Shahed s'élève à 35 000 dollars, contre un million pour un Kh-22 et un million et demi pour un S-300/S-400. L'Iskander, l'un des missiles les plus récents de l'armée russe, peut coûter jusqu'à deux millions de dollars, suivant le modèle.
L'un des projectiles les plus coûteux de l'armée russe est le Kh-47 Kinjal, un missile hypersonique de huit mètres de long pouvant atteindre une vitesse dix fois supérieure à celle du son. Son coût à l'unité se monte à 15 millions de dollars. Moscou en a tiré 122 exemplaires, qui ont atteint leur cible à 84 reprises.
(asi)