Des données personnelles, parfois accompagnées de copies de documents d'identité ou de numéros de téléphone. De nombreux étrangers voient leurs informations affichées sur des sites internet ou des comptes Telegram pro-russes dénonçant de prétendus mercenaires se battant pour l'Ukraine. Parmi eux, la RTS a identifié une dizaine de cas de ressortissants suisses se retrouvant ainsi exposés.
Ces personnes sont suspectées d'avoir participé à des combats en Ukraine. Alors que le mercenariat est illégal en Suisse, les données divulguées - obtenues librement sur internet ou via des cyberattaques - sont souvent accompagnées des formulaires facilitant la dénonciation des combattants présumés dans leur pays d'origine.
L'un des portails consultés par la RTS justifie sa démarche par une proposition de l'ex-président russe Dmitri Medvedev publiée dans un post Telegram en septembre 2024. Celle-ci préconisait la création d'une base de données publique pour exposer les ennemis de la Russie.
L'un des Suisses ainsi traqués confie à la RTS être la cible de messages hostiles et de menaces de mort depuis la divulgation de son numéro de téléphone sur les canaux pro-russes. Il se défend également d'être un mercenaire, expliquant avoir effectué une première inscription sur le site internet de la légion internationale en Ukraine avant de se rétracter.
Un quadragénaire zurichois raconte avoir lui aussi fait l'objet de «fausses informations» sur des médias pro-russes. Proche du frère du maire de Kiev Wladimir Klitschko, il siège au conseil de direction de sa fondation et a été actif en Ukraine dans le cadre de ces fonctions.
Auprès de la RTS, il déclare:
Dans le cas du Zurichois, son numéro de téléphone n'a pas été divulgué. Mais il indique avoir tout de même «pris des dispositions» pour se protéger lui et sa famille. Les services de sécurité ainsi que la police ont notamment été informés.
S’enrôler dans une armée étrangère est passible en Suisse d'une peine allant jusqu'à trois ans de prison. La justice militaire mène actuellement 13 procédures pénales à l'encontre de ressortissants suisses partis combattre en Ukraine.
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En début d'année, un mercenaire suisse a d'ailleurs perdu la vie. Son décès a été confirmé par le département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Il s'agit d'une première depuis le début de l'invasion russe en Ukraine en février 2022.
Dans un décompte datant de mars 2024, les autorités russes avaient de leur côté indiqué que 57 ressortissants suisses avaient été identifiés dans des opérations en Ukraine. 30 morts étaient à déplorer parmi eux.
Contacté par la RTS, le DFAE n'a pas souhaité commenter ces informations. (jzs)