La mini-série Netflix Baby Reindeer captive le public par sa représentation ouverte de la victimisation sexuelle masculine et du harcèlement. La série, basée sur les expériences du comédien britannique Richard Gadd, contribue à sensibiliser le public au fait que les hommes sont également concernés par le harcèlement. Et montre à quel point il est difficile de dénoncer quelqu'un qui vous bombarde d'au moins 356 messages par jour.
Cela s'applique non seulement au Royaume-Uni, mais aussi en Suisse. Jusqu'à présent, il n'existe pas en Suisse de législation spécifique déclarant le harcèlement criminel comme illégal. La question se pose alors de savoir pourquoi il y a de plus en plus de cas de harcèlement, et quelles actions sont les plus fréquentes.
La grande majorité des victimes de harcèlement sont des femmes, explique Fabian Ilg, directeur de la Prévention Suisse de la Criminalité. Toutefois, des hommes sont également harcelés par des femmes ou des femmes et des hommes harcèlent leurs semblables du même sexe. Il n'existe cependant pas de chiffres sur les cas de stalking à l'échelle nationale.
En effet, le harcèlement obsessionnel n'est pas une infraction pénale, mais peut remplir différents critères d'infraction tels que la menace ou la contrainte. La police cantonale zurichoise explique:
Rappelons également qu'en raison du sentiment de honte, de nombreuses victimes ont du mal à demander de l'aide. Selon Fabian Ilg, ce seuil d'inhibition est en principe plus élevé chez les hommes:
Selon la Prévention Suisse de la Criminalité, les cas de stalking sont en augmentation – même si le harcèlement obsessionnel n'est pas un phénomène de masse. Mais cela pourrait aussi être lié au fait que de plus en plus de victimes osent faire le pas vers la police ou un centre d'aide aux victimes. «Les cas se déplacent ainsi de l'ombre à la lumière», explique Fabian Ilg.
Les raisons et les motivations derrière le stalking peuvent être très différentes. Ainsi, une personne peut agir pour se venger d'une injustice ressentie, par exemple à la suite d'une déception amoureuse ou d'une résiliation de contrat de travail. D'autres motifs sont le désir de relations, la folie amoureuse, la haine ou le besoin de contrôler quelqu'un pour l'inciter à changer de comportement.
Les motivations peuvent évoluer au fil du temps. «Toutes les raisons ont en commun le désir d'attirer l'attention, qui est vécu de manière excessive», selon le directeur de la Prévention Suisse de la Criminalité.
Selon le modèle de recherche, il existe différents types de stalking, mais on distingue en principe trois types de harceleurs. La plupart du temps, le harcèlement se produit après une séparation entre époux ou partenaires. Il y a aussi des «connaissances» qui deviennent des harceleurs, ainsi que des inconnus qui harcèlent, entre autres, des personnalités connues.
Les harceleurs souffrent d'une perception déformée de la réalité. Ainsi, le rejet ou la réaction d'autrui peuvent être mal interprété ou, dans le premier cas, pas perçu.
En règle générale, selon Fabian Ilg, les actes de harcèlement diminuent en nombre en fonction du niveau de gravité; ainsi, les appels téléphoniques, les messages, les lettres, l'envoi de cadeaux sont plus fréquents que la surveillance ou le guet-apens. Les actes tels que la poursuite jusqu'au lieu de travail ou l'intrusion dans le domicile sont encore plus rares.
Néanmoins, la situation devrait être prise au sérieux. Selon la police cantonale, le harcèlement obsessionnel a tendance à s'intensifier avec le temps si rien n'est fait pour l'empêcher.
Quelles sont les conséquences du harcèlement sur les victimes? La qualité de vie est réduite, la confiance en soi diminue et, souvent, les personnes harcelées souffrent d'anxiété, de paranoïas, de troubles du sommeil, de maux de tête et d'estomac, d'irritabilité, de dépression et de cauchemars.
Toutefois, Fabian Ilg met en garde et rappelle «qu'il est probable que les harceleurs cherchent à rejeter la faute et la responsabilité de leurs actes souvent malsains».
Si l'on est harcelé par quelqu'un, le délit ne peut être poursuivi que si une plainte est déposée, explique Fabian Ilg. Et de poursuivre:
L'expert recommande donc de se faire d'abord conseiller par un service d'aide aux victimes. En outre, presque tous les corps de police cantonaux disposent d'un service de gestion cantonale des menaces auquel les personnes concernées peuvent s'adresser.
Traduit et adapté par Noëline Flippe