Un lion – femelle, semble-t-il – pourrait être actuellement dans la nature en Suisse romande. Hier, alertée par une dame aux alentours de 15h, la police vaudoise a pris très au sérieux son témoignage – photographie à l'appui – et a déployé les grands moyens pour partir à la recherche du fauve (plusieurs patrouilles de gendarmerie, la police municipale, un hélicoptère de l'armée, etc.). Depuis, on parle beaucoup de l'hypothétique félin. Mais glissons-nous un instant dans la peau de la personne qui dit l'avoir vu.
Ce n'est pas impossible que la personne dise vrai. Après tout, il est apparemment permis en Suisse d'être propriétaire d'un gros félin, à des conditions très strictes. Et un tel cas se serait déjà produit en France – les policiers avaient couru après la bête et n'auraient jamais réussi à la retrouver... Dans cette hypothèse, quel ne doit pas être le sentiment atroce de se sentir dans le juste, alors que le quart de la Romandie a déjà déversé sa moquerie dans des commentaires sur le Net – y compris sur Twitter, où ça a beaucoup rugi.
Il faut être vachement sûr de son coup pour prendre le risque de se ridiculiser en assurant avoir vu une lionne en plein bled vaudois. Les questions doivent toutefois se bousculer: à quel point suis-je sûre de ce que j'ai vu? Est-ce que j'aurais dû prendre une vidéo? Est-ce que je deviens folle? Ai-je trop consommé de vin blanc, de LSD, de films fantastiques?
L'attente de nouveaux éléments de la part de la police doit être interminable. En même temps, si la dame a raison, elle aura bien agi et sera récompensée, du moins sous forme de reconnaissance de la part des autorités et de la population. Ouf!
Bon, il y a une photo qui fait penser à une lionne, et la police semble ne pas prendre ce document pour un faux. Il n'empêche, il est possible que la photo, bien qu'authentique, soit trompeuse, et que l'animal mystérieux soit en réalité... un chien. Un gros toutou. C'est la thèse de beaucoup d'internautes, qui mentionnent la grosse queue de la bestiole. Et c'est à présent la piste privilégiée par la police.
Et si c'était vrai et que la dame s'était tout simplement trompée? Ça arrive à tout le monde, et la prévoyance n'est pas un défaut. Mais l'excès de prudence pourrait très bien être imputé après coup à la police vaudoise, qui n'a pas lésiné sur les moyens engagés dans cette opération. Si je suis celui qui a composé le numéro 117, je ne pourrais m'empêcher de le redouter. Et, si cela arrive, de m'en sentir coupable. Dur dur.
Là encore, en faisant l'exercice de me mettre à la place de la personne, j'ai un peu de pitié.
Et puis, bien sûr, on peut aussi estimer que cette histoire née un 31 mars et défrayant la chronique un 1er avril soit le fait d'un mauvais plaisantin. Qui sait alors les conséquences d'une farce prenant une telle ampleur? Le ou les individus à la base de ce poisson très animalier auraient-ils imaginé que les forces de l'ordre les croient?
Au vu des moyens importants investis par les autorités, la blague risque de coûter très cher aux éventuels petits malins.
Minute... et si c'était la police elle-même? Je n'ose pas imaginer le tollé, surtout avec une affaire comme Montreux sur les bras. Et il serait justifié.