L’Association musulmane des étudiants de l’Université de Genève (AMEUG) annonçait la tenue d’un «concours de Coran» samedi 12 avril dans l’enceinte de l’Unige. Deux publications électroniques portant le sigle de l’association se rapportaient à cet événement. C’est la journaliste Mireille Vallette qui avait repéré et rapporté cette information sur son blog Dérives helvétiques (ex-Boulevard de l’islamisme), y consacrant un article daté du 8 avril.
Sollicité par watson sur la tenue annoncée de ce concours, le directeur de la communication de l’Université de Genève (Unige), Marco Cattaneo, répondait jeudi en fin d'après-midi:
Marco Cattaneo précise que «l'Unige n'a pas eu connaissance» de ce concours de Coran, ajoutant qu’«aucune demande de réservation de salle n’a été déposée» à cet effet. Ce type d’événement est habituellement organisé dans des mosquées. Là, les lieux indiqués sur les flyers électroniques, disponibles via l’Instagram de l’AMEUG, étaient «Université de Genève» et «Unil Mail».
Le concours de Coran ponctuait les activités et événements organisés par l’AMEUG au cours du mois de Ramadan, qui a pris fin le 30 mars en Suisse. Il s’agissait pour les participants, répartis en trois niveaux, débutant, intermédiaire et avancé, de rivaliser de leurs capacités de mémorisation et prononciation de sourates coraniques. «Toutes les personnes ayant correctement mémorisé la sourate recevront un certificat attestant de leurs compétences», est-il écrit sur l'un des flyers, publié sous le patronage de l'association universitaire AMEUG et de l'institut Alameen, spécialisé dans la maîtrise de la lecture du Coran et basé dans le canton de Fribourg.
Le niveau débutant devait concourir à partir de la sourate 98 du Coran, intitulée «La Preuve», où il est question des négateurs du message du prophète Mahomet qui iront en enfer.
Le niveau intermédiaire avait à maîtriser la sourate 67, «La Royauté» en français. Il y est également fait mention de châtiments promis à ceux qui ne croient pas en Dieu.
Enfin, le niveau avancé héritait de la sourate 20, appelée «Ta-Ha», qui comprend 135 versets et qui raconte notamment l’histoire de Moïse et du veau d’or.
Les personnes intéressées par le concours de Coran avaient jusqu'au 24 mars pour s'inscrire. L'invitation à s'y joindre se terminait en ces termes:
Sollicitée jeudi matin par e-mail, la cheffe du Département de l’instruction publique du canton de Genève, la PLR Anne Hiltpold, faisait savoir aux alentours de 14h30 qu’elle n’entendait pas «se prononcer à ce stade» sur le concours de Coran annoncé par l’association AMEUG, reconnue par l’Unige en 2019.
En février de cette année, l’Unige avait «banni une paroisse adventiste pour non-respect de la laïcité», révélait à l'époque la RTS. L’Unige expliquait avoir été trompée par les organisateurs, l’événement prévu s’étant avéré d’ordre cultuel.
Joint par watson, l’un des «pères» de la loi cantonale genevoise sur la laïcité, Jean-Noël Cuénod, dit avoir été «estomaqué» en découvrant l'annonce d'un concours de Coran prévu à l'Unige. «C’est du pur prosélytisme, affirme-t-il. Or la laïcité genevoise interdit le prosélytisme, d'où qu’il vienne, de quelque religion que ce soit, dans les lieux de la République, et l’Université est l'un des lieux de la République.» Jean-Noël Cuénod d'ajouter:
L’Unige a en l’occurrence refusé la tenue de cet événement dans ses murs. L'an dernier, l'AMEUG avait organisé une réunion qui avait obtenu l'accord de l'Unige.👇
Déplorant les coups parfois portés à la loi sur la laïcité du canton de Genève, l'avocat et député PLR au Grand Conseil Lionel Halperin, qui a travaillé sur cette loi entrée en vigueur en 2019, affirmait jeudi, alors que la décision de l'Unige concernant le concours de Coran ne nous était pas encore parvenue:
Nous avons adressé un e-mail à l’AMEUG pour lui poser des questions sur l'organisation de ce concours de Coran dans les locaux de l'Unige. L'association nous a répondu: