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Attentat de Sydney: le slogan «Globalize Intifada» inquiète

Members of the Jewish community attend a vigil at the Chabad of Bondi for the victims of a shooting at Bondi Beach, in Sydney on December 15, 2025. Australia's leaders agreed on December 15 to to ...
Des juifs en pleurs après l'attentat de samedi à Sydney. Sydney, 15 décembre 2025. Image: AFP

Après l'attentat de Sydney, ce slogan inquiète en Suisse

Après l'attentat de Sydney, des juifs et responsables communautaires romands, inquiets des effets du slogan «Globalize Intifada», demandent que des mesures soient prises, notamment à Lausanne et Genève contre un «antisionisme dérivant vers l’antisémitisme». Les critiques visent aussi la presse.
15.12.2025, 16:4915.12.2025, 22:41

Au lendemain de l’attentat qui a fait quinze morts sur Bondi Beach, à Sydney, au premier jour de Hanouka, la fête juive des lumières, les «deux ans» qui se sont écoulés depuis le 7 Octobre et le début de la riposte militaire à Gaza sont au centre de l’attention. Joint par watson, Elie Elkaïm, président de la Communauté israélite de Lausanne et du canton de Vaud (CILV), confie:

«J’espère que je n’aurai jamais à dire que ça fait deux ans qu’on vous alerte»
Elie Elkaïm, président de la Communauté israélite de Lausanne et du canton de Vaud

Elie Elkaïm souhaiterait que «la municipalité gauche-verte de Lausanne se montre un peu plus ferme avec une ultragauche qui entretient une atmosphère antisioniste dérivant vers l’antisémitisme». Il poursuit:

«L’attentat antisémite de Sydney est clairement la conséquence du mot d'ordre "Globalize Intifada"»
Elie Elkaïm, président de la CILV

Le slogan «Globalize Intifada», qui fait référence aux Intifada palestiniennes des années 1980 et 2000, est l’appel des propalestiniens les plus radicaux à étendre la révolte à travers le monde. Parmi eux figure l’islamiste français Elias d’Imzalène, qui appelait à l’«Intifada dans Paris» lors d’une manifestation propalestinienne en septembre 2024. Mais l’Intifada contre qui? Contre les juifs?

Cité par Le Temps, l’éditorialiste de The Australian, le plus important quotidien d'Australie, accuse:

Au cours des deux dernières années, les dirigeants australiens «ont laissé un antisémitisme insidieux se normaliser, comme s’il s’agissait d’une conséquence acceptable des divisions au sein de la communauté face à la guerre à Gaza.»

«Ils ont attisé les flammes de la haine envers les juifs»

L'éditorialiste en veut aux «militants du mouvement anti-israélien qui ont délibérément attisé les flammes de la haine envers les juifs et faussement prétendu que l’antisémitisme était exagéré».

En Suisse, Elie Elkaïm met en cause «les liens entre l’ultragauche lausannoise avec des militants islamistes, que ce soit à l’Université ou dans les rues».

«Pour les juifs de Lausanne, qu'ils aient ou non des attaches avec Israël, c’est une source permanente de stress»
Elie Elkaïm, président de la CILV

A l’occasion des fêtes de Hanouka, qui s’étendent sur huit jours, «la sécurité a été relevée dans le chef-lieu vaudois, notamment autour de la synagogue et en particulier suite à l’attentat de Sydney», indique le président de la CILV. Le municipal chargé de la police, Pierre-Antoine Hildbrand, confirme:

«Des mesures de renforcement de la sécurité ont été ordonnées pour Hanouka»
Pierre-Antoine Hildbrand, municipal lausannois chargé de la sécurité

«Médias romands» visés

A Genève, l’avocat et ancien député PLR au Grand-Conseil Lionel Halpérin, de confession juive, président des Amis de l'Université Ben Gourion dans le Néguev, appelle à un changement de mentalité et de pratiques face à cet «antisémitisme ambiant».

«Les autorités genevoises ne peuvent pas continuer de subventionner des associations qui tendent à l’antisémitisme sous couvert d’antisionisme»
Lionel Halpérin

L'avocat se demande également «si l'on peut-continuer à laisser défiler dans les rues des militants qui appellent à la destruction de l’Etat d’Israël, ce qui est proprement antisémite au vu du droit du peuple juif à disposer d’un Etat».

Lionel Halpérin réserve sa dernière salve aux «médias romands».

«Font-ils encore leur travail? Leur couverture du conflit au Proche-Orient et de ses répercussions en Suisse est souvent biaisée, sans distance critique avec les discours parlant de génocide et d’apartheid. La focalisation sur ce conflit est constante. Pourquoi? Parce que des juifs y sont mêlés.»

Peut-on encore critiquer Israël?

Les mesures préconisées par Lionel Halpérin ne risquent-elles de compromettre la liberté d'expression? Peut-on encore critiquer l'Etat d'Israël pour le calvaire qu'il fait endurer aux Arabes de Cisjordanie, comme le rapporte Le Monde dans un récente reportage? Réponse de Lionel Halperin:

«La critique d'Israël et de son gouvernement, que ce soit pour ses actions à Gaza ou en Cisjordanie, ne me pose pas de problème, moi-même je ne suis pas un soutien de gouvernement Netanyahou. En revanche, il est inacceptable de vouloir la destruction d'Israël.»
Lionel Halperin

Site genevois d'extrême gauche inaccessible

Le site genevois d'extrême gauche Renversé semble avoir participé de ce «Globalize Intifada» en publiant en juin dernier un article jugeant «héroïque» et «légitime» le geste meurtrier d'un individu qui avait ôté la vie à deux juifs au Musée juif de Washington au cri de «Free free Palestine!», comme l'avait constaté watson à l'époque. Le site est apparemment inaccessible ces jours-ci, peut-être pour avoir publié le nom d'un motard de la police lausannoise placé sous enquête après la mort d'un Nigérian interpellé en mai dernier.

Spécialiste des mouvements radicaux, Frédéric Esposito, membre du Global Studies Institute, chargé de cours à l'Université de Genève, constate, sur la base des données fournies par les associations de lutte contre l'antisémitisme, «une forte augmentation des propos et actes antisémites en Suisse depuis le 7 Octobre et la guerre à Gaza».

«Par chance, cela ne prend pas la forme d'assassinats ou de tentatives d'assassinat, si l'on excepte l'agression, de type djihadiste, contre un juif orthodoxe en février 2024 à Zurich.»
Frédéric Esposito, Global Studies Institute

«Dérives illibérales»

Le fait le plus notable pour Frédéric Esposito est «la dérive d'une partie de la société, cela va de l'extrême droite à l'extrême gauche, vers l'illibéralisme».

«Des pans de la société s'affranchissent des usages de l'Etat de droit en prenant des postures de plus en plus radicales. Résultat: l'Etat de droit est à la fois tenu de respecter la liberté d'expression, son contenu fût-il radical, et mis au défi par la violence verbale.»
Frédéric Esposito, Global Studies Institute

Frédéric Esposito relève aussi un «rapprochement entre la gauche radicale et les milieux islamistes».

«C'est particulièrement le cas en France du parti LFI de Jean-Luc Mélenchon»
Frédéric Esposito, Global Studies Institute
ScreenRecording 12-15-2025 10-44-47 1
Video: watson
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