La défense de Tariq Ramadan a plaidé mercredi, au dernier jour du procès en appel de l'islamologue accusé de viol et de contrainte sexuelle. Elle a demandé que l'intellectuel genevois soit acquitté, comme ce fut le cas en 1ère instance. La cause a été gardée à juger.
Pour l'avocate de l'accusé, Yaël Hayat, l'affaire sur laquelle la Chambre pénale d'appel et de révision de Genève doit se prononcer ne concerne pas un viol brutal, mais est l'histoire d'une femme meurtrie, qui a été blessée dans son coeur par un homme qu'elle admirait, car elle a été repoussée par lui cette nuit d'octobre 2008, dans la chambre d'un hôtel genevois.
Elle a notamment rappelé le message que cette femme a envoyé le lendemain des faits à l'homme qui lui aurait fait subir une nuit d'horreur. «Je rêve de t'embrasser et j'aurais voulu que tu aies confiance en moi». Des mots qui sont en «incohérence totale» avec l'accusation, selon la femme de loi.
Dans cette affaire, ce n'est pas la femme qui est courtisée, c'est l'homme, a encore noté l'avocate. Les messages que la plaignante envoie à Tariq Ramadan avant les faits montrent une personne qui a envie de le rencontrer:
Après avoir été éconduite, «Brigitte», prénom donné à la plaignante par les médias, a ensuite cherché à prendre contact avec d'autres femmes déçues par l'islamologue. Elles vont s'unir et comploter, a expliqué Yael Hayat. «Nous sommes dans une entreprise dont le but était de mettre à terre» l'islamologue.
Pour Guerric Canonica, autre conseil de l'islamologue, l'accusation demande une «culpabilité artificielle» qui ne résiste pas à l'examen minutieux du dossier. L'avocat a énuméré, lors de sa plaidoirie, les incohérences du récit de la plaignante, qui n'est pas une femme fragile, mais, selon lui, une femme forte, déterminée.
Avocate de la plaignante, Véronique Fontana a estimé, mercredi matin, qu'il existait suffisamment d'éléments pour conclure que Tariq Ramadan était bien coupable de viol. L'islamologue est accusé par plusieurs femmes du même crime en France. Et ce qui réunit toutes ces affaires est un même «mode opératoire».
Il s'agit, a indiqué Mme Fontana, de viols avec violence, comprenant des coups, des gifles et des insultes. Ils sont commis sur des femmes fragilisées dans une chambre d'hôtel. Pour l'avocate, c'est une signature comparable à une empreinte digitale que l'on retrouve dans les faits dénoncés par sa cliente.
A l'issue des plaidoiries, Tariq Ramadan a pris la parole. Il a demandé à la Cour d'oublier son nom et de s'en tenir aux faits. De ne pas le juger par rapport à l'idéologie qu'on lui prête ou par ce que les médias disent de lui. Sur les faits et rien que sur les faits, «je suis innocent».
La Chambre pénale d'appel et de révision rendra son verdict par écrit. (ats)